En réaction à l’appel du rapporteur spécial de l’ONU sur les droits des peuples autochtones qui demande d’envisager un moratoire sur les marchés du carbone, Chris Chapman, conseiller en droits des populations autochtones à Amnesty International, a déclaré :
« Le rapporteur spécial des Nations unies soulève avec justesse des préoccupations relatives aux droits humains quant au fonctionnement des marchés du carbone. Les pollueurs peuvent les utiliser pour compenser, au lieu de réellement réduire, leurs émissions de gaz à effet de serre en achetant des crédits carbone pour des projets impliquant les terres des peuples autochtones. Ces projets ne profitent pas ou peu aux populations autochtones – et portent même activement préjudice à leurs droits dans certains cas.
« Le système des marchés du carbone ne propose pas de garanties adéquates en matière de droits humains et d’environnement, ouvrant ainsi la voie à des abus et mettant à disposition de l’industrie des combustibles fossiles et d’autres grands pollueurs un mécanisme leur permettant de poursuivre leurs activités délétères.
Le système des marchés du carbone ne propose pas de garanties adéquates en matière de droits humains et d’environnement, ouvrant ainsi la voie à des abus
Chris Chapman, conseiller en droits des populations autochtones à Amnesty International
« Il faut des garanties solides, notamment un mécanisme efficace de réclamation, en vue de s’assurer que les marchés du carbone ne fassent pas barrage à l’action climatique dont nous avons besoin pour garantir la protection de la planète et des droits humains.
« Les gouvernements sont légalement tenus de veiller à ce que leurs actions – ou celles des entreprises ayant des activités sur leur territoire – ne violent pas les droits des peuples autochtones sur leurs terres. Il convient d’ailleurs d’obtenir leur consentement pour les projets prévus sur leurs terres.
« Amnesty International estime que la seule réponse viable pour réduire effectivement les émissions de gaz à effet de serre est une élimination progressive, complète, équitable, rapide et financée des combustibles fossiles, ainsi qu’une transition juste vers des énergies renouvelables respectueuses des droits fondamentaux et accessibles à tous. »
Complément d’information
Les marchés du carbone et les systèmes d’échange de droits d’émissions de carbone permettent aux pollueurs d’acheter des crédits carbone, émis pour des zones protégées contre le développement ou l’exploitation, mais l’on craint que de nombreux projets ne donnent pas lieu à de véritables réductions des émissions. Les lignes directrices des Nations unies sur la réglementation des marchés du carbone sont en cours de discussion et, si elles sont adoptées lors de la COP29 cette année, des projets pilotes pourraient être lancés dès janvier 2025 dans le cadre de ces lignes directrices.
Francisco Calí Tzay, rapporteur spécial sur les droits des peuples autochtones, a déclaré cette semaine qu’un moratoire sur les marchés du carbone pourrait permettre de prévenir les atteintes aux droits des peuples autochtones.