Europe et Asie Centrale

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L’année 2022 entrera dans l’histoire de l’Europe et de l’Asie centrale comme celle où la Russie a lancé une invasion militaire à grande échelle de l’Ukraine, commettant des crimes de guerre et de possibles crimes contre l’humanité et déclenchant le plus grand exode de réfugié·e·s qu’ait connu l’Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Les tactiques illégales d’assiègement mises en œuvre par la Russie et ses attaques contre des infrastructures énergétiques et des bâtiments civils ont fait des milliers de morts et de blessé·e·s parmi la population non combattante et entraîné pour celle-ci de cruelles privations.

Près de sept millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur même de l’Ukraine, 2,8 millions sont parties pour la Russie et le Bélarus et cinq millions ont fui vers d’autres pays d’Europe. L’accueil réservé aux personnes venues se réfugier dans les pays de l’UE a été remarquable, quoique parfois discriminatoire, dans la mesure où il excluait certaines catégories d’individus fuyant l’Ukraine, comme les Noir·e·s, les non-Ukrainien·ne·s détenteurs d’un permis de séjour temporaire et certains Roms, qui ont rencontré des difficultés particulières pour obtenir une protection. La générosité avec laquelle la plupart des Ukrainien·ne·s ont été accueillis contrastait fortement avec le rejet souvent violent des autres réfugié·e·s et des migrant·e·s qui se présentaient aux frontières extérieures de l’Europe et étaient fréquemment victimes d’atteintes à leurs droits fondamentaux. Cette attitude du « deux poids, deux mesures » a mis en évidence la dimension raciste de la politique et des pratiques de l’UE à ses frontières. De nombreux pays européens ont par ailleurs imposé de strictes restrictions de déplacement aux citoyen·ne·s russes, alors que beaucoup cherchaient à échapper à la mobilisation dans leur pays.

Les conséquences socioéconomiques de la guerre se sont fait sentir dans le monde entier. De nombreux pays du sud ont été durement touchés par les perturbations des exportations de céréales et d’engrais qu’elle a engendrées. Les prix de l’énergie ont fortement augmenté dans les pays européens. Nombre de ceux-ci étaient confrontés à la fin de l’année à une nette hausse du coût de la vie et à des taux d’inflation record, dont souffraient plus particulièrement les plus vulnérables. L’inflation a dépassé 30 % en Moldavie et 64 % en Turquie. Les initiatives destinées à faire face à la crise climatique ont marqué le pas, face à la volonté des États de ne pas dépendre du pétrole et du gaz russes.

La guerre a entraîné une reconfiguration de la scène politique à l’échelle de toute la région. Le Bélarus, qui a globalement aligné sa politique étrangère et militaire sur celle de Moscou, avait également sa part de responsabilité dans l’acte d’agression perpétré par la Russie. Dans ces deux pays, la guerre a été synonyme de répression accrue, de souffrances supplémentaires et d’un isolement international croissant, dont témoignent notamment l’exclusion de la Russie du Conseil de l’Europe et sa suspension du Conseil des droits de l’homme des Nations unies. Le rôle de maintien de la paix joué par la Russie dans le cadre du conflit du Haut-Karabakh n’étant plus une priorité pour Moscou, on a assisté à une recrudescence des tensions dans cette région.

La guerre et la politique de la Russie ont également déstabilisé l’ouest des Balkans, avec un risque de nouvelle escalade dans le conflit entre la Serbie et le Kosovo. Cette évolution a eu pour conséquence indirecte une modification de la politique d’élargissement de l’UE, cette dernière ayant accordé, sous conditions, le statut de candidate à la Bosnie-Herzégovine bien que celle-ci ne satisfasse pas tous les critères d’adhésion. L’UE a également donné le feu vert à l’Ukraine et à la Moldavie pour l’ouverture de négociations en vue d’une éventuelle adhésion, mais pas à la Géorgie, où les réformes étaient au point mort, voire en régression.

Concernant les mécanismes internationaux et régionaux de défense des droits humains, les pouvoirs de veto de la Russie ont souvent paralysé l’OSCE, ainsi que le Conseil de sécurité des Nations unies, reléguant ces organisations à un simple rôle d’observateurs impuissants du conflit en cours. La CPI a en revanche réagi avec une rapidité sans précédent, annonçant dès le 2 mars l’ouverture d’une enquête sur la situation en Ukraine.

Globalement, la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine a accentué les tendances délétères pour les droits humains de ces dernières années, en générant davantage d’insécurité et d’inégalités. Disposant d’un nouveau prétexte pour renforcer la répression des libertés fondamentales, les pouvoirs autoritaires en sont sortis confortés, n’hésitant pas à formuler, et souvent à mettre en œuvre, des programmes racistes, xénophobes, misogynes et homophobes. La brutalité avec laquelle a été menée la répression des manifestations qui ont éclaté au Kazakhstan et au Tadjikistan illustre bien la volonté de certains États de continuer de recourir à une force excessive.

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