Réagissant aux informations indiquant que Sultan Al Jaber, président désigné de la COP28, qui est aussi directeur exécutif d’ADNOC, la compagnie gazière et pétrolière nationale des Émirats arabes unis, a reçu des instructions pour promouvoir les intérêts des entreprises qu’il dirige avant les nombreuses réunions bilatérales organisées en amont du sommet sur le climat, Ann Harrison, conseillère sur les questions climatiques à Amnesty International, a déclaré :
« Sultan Al Jaber affirme que sa connaissance privilégiée de l’industrie des combustibles fossiles le rend particulièrement apte à présider un sommet crucial sur le climat, mais on dirait de plus en plus que c’est le renard qui garde le poulailler. La nomination à la tête de la COP28 du patron de l’une des principales entreprises exploitant les énergies fossiles dans le monde a toujours été un cas flagrant de conflit d’intérêts qui mine la capacité de ce sommet à produire les résultats dont nous avons absolument besoin.
« Amnesty International a prévenu à plusieurs reprises de l’impossibilité pour Sultan Al Jaber de diriger en toute bonne foi les négociations lors d’un sommet qui doit avoir pour priorité de garantir d’une part l’abandon rapide et équitable des combustibles fossiles afin d’éviter de causer encore davantage de dégâts pour le climat, et d’autre part une transition juste vers les énergies renouvelables. Les enjeux sont énormes, au moment où notre planète se réchauffe à un rythme sans précédent, où nombreux sont ceux et celles qui souffrent déjà et où les droits de milliards de personnes sont menacés.
Sultan Al Jaber affirme que sa connaissance privilégiée de l’industrie des combustibles fossiles le rend particulièrement apte à présider un sommet crucial sur le climat, mais on dirait de plus en plus que c’est le renard qui garde le poulailler
Ann Harrison, conseillère sur les questions climatiques à Amnesty International
« Nous assistons déjà à une catastrophe pour le climat et les droits humains provoquée par les combustibles fossiles. Pourtant, depuis que Sultan Al Jaber a été désigné président de la COP28 en janvier, ADNOC a dévoilé d’ambitieux projets d’expansion, totalement incompatibles avec la protection du climat et du droit de toute personne à un environnement propre, sain et durable.
« Nous continuons d’appeler Sultan Al Jaber à se retirer de ses fonctions au sein d’ADNOC s’il souhaite être à la tête d’un sommet réussi. Les documents laissant penser qu’il a reçu des instructions pour promouvoir les intérêts économiques lors des réunions concernant la COP28 ne font que renforcer nos craintes que le lobby des combustibles fossiles ne s’empare complètement de ce sommet afin de servir ses intérêts personnels qui menacent l’ensemble de l’humanité. »
Complément d’information
ADNOC figure parmi les 10 premiers producteurs mondiaux de pétrole et de gaz. Selon des documents obtenus par le Centre for Climate Reporting, Sultan Al Jaber a reçu des instructions avant les réunions de la COP28 pour promouvoir les intérêts d’ADNOC et de Masdar, autre compagnie nationale du secteur énergétique spécialisée dans les énergies renouvelables et l’hydrogène. Des informations avaient précédemment indiqué que des membres du personnel d’ADNOC avaient été détachés auprès de l’équipe organisatrice de la COP28 aux Émirats arabes unis et que des communications de la COP28 auraient été acheminées par les serveurs informatiques d’ADNOC.
La COP28 se déroule du 30 novembre au 12 décembre et réunit plus de 190 États et d’autres parties pour tenter de trouver des solutions face à la crise climatique. Amnesty International a publié une synthèse de plaidoyer pour la COP28. La secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard, participera à la COP28 du 1er au 6 décembre au sein d’une délégation de l’organisation qui sera présente tout au long de l’événement.