Israël et territoires palestiniens occupés. La condamnation du travailleur humanitaire Mohammed al Halabi doit être annulée

Amnesty International appelle les autorités israéliennes à annuler la condamnation de Mohammed al Halabi, travailleur humanitaire palestinien à Gaza, qui a été reconnu coupable mercredi 15 juin, à l’issue d’un procès entaché de graves irrégularités, d’avoir détourné des millions de dollars au profit du gouvernement de facto du Hamas. La majeure partie des éléments de preuve retenus contre lui restent tenus secrets.

Mohammed al Halabi, qui a dirigé le bureau de l’organisation caritative américaine World Vision à Gaza, a déjà passé six ans en détention provisoire. Heba Morayef, directrice du programme régional Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International, a déclaré :

« La façon dont les autorités israéliennes traitent Mohammed al Halabi bafoue toutes les garanties de base d’une procédure régulière selon le droit international relatif aux droits humains. Il a été détenu pendant six ans avant le verdict, interrogé sans assistance juridique, jugé secrètement et reconnu coupable sur la base d’éléments tenus secrets et de ses “aveux” obtenus sous la contrainte.

« Les autorités israéliennes ont fait preuve d’un mépris total pour les allégations de torture et d’autres mauvais traitements en détention formulées par Mohammed al Halabi. Le verdict d’hier est sujet à caution et injuste. Il ne fait que mettre en lumière le biais de la justice israélienne contre les Palestiniens.

« Mohammed al Halabi doit être rejugé dans le cadre d’une procédure qui respecte les normes internationales d’équité, ou bien libéré. Il faut que ses allégations de mauvais traitements fassent l’objet d’une enquête, et aucun élément obtenu illégalement, notamment au moyen de la torture ou d’autres traitements cruels, inhumains ou dégradants, ne doit être admis à titre de preuve. Le cas de Mohammed al Halabi illustre parmi tant d’autres la façon dont les autorités israéliennes, qui commettent le crime contre l’humanité d’apartheid, utilisent le système judiciaire pour dominer les Palestiniens et pratiquer la discrimination à leur encontre. »

Complément d’information

Mohammed al Halabi travaillait pour World Vision depuis 2005, dont il est devenu directeur des activités dans la bande de Gaza en 2014.

L’Agence israélienne de sécurité l’a arrêté le 15 juin 2016 au poste-frontière d’Erez, point de passage entre Israël et Gaza. Il a été transféré dans un centre de détention à Ashkelon, en Israël, où il a été interrogé avant d’être conduit à la prison de Nafha, dans le désert du Néguev.

Mohammed al Halabi a été privé d’accès à un avocat et détenu au secret pendant les premières semaines de sa détention, en étant soumis à des interrogatoires poussés sans assistance juridique. D’après son avocat et certaines informations parues dans les médias, il a été roué de coups et ses « aveux » indiquant qu’il avait volé 7,4 millions de dollars par an ont été obtenus sous la contrainte. Aucune enquête n’a été menée sur ses allégations de torture. Mohammed al Halabi n’a été inculpé que le 4 août 2016, plus de sept semaines après son arrestation.

L’enquête menée par World Vision, comprenant notamment un audit externe, a conclu qu’il n’existait aucun élément laissant penser que Mohammed al Halabi aurait commis une quelconque infraction ou serait membre du Hamas.