Arabie saoudite. La hausse des exécutions se poursuit : bientôt 100 prisonniers mis à mort

L’Arabie saoudite aura mis à mort plus de 100 personnes au cours des six premiers mois de l’année, si elle continue à procéder à des exécutions au rythme actuel, a déclaré Amnesty International vendredi 27 mai 2016. Au moins 94 personnes ont été mises à mort depuis le début de l’année – davantage que pour la même période en 2015.

Au moins 158 personnes ont été exécutées en Arabie saoudite en 2015, chiffre record enregistré dans le pays depuis 1995.

« Les exécutions en Arabie saoudite ont augmenté de façon spectaculaire depuis deux ans et cette tendance ne montre aucun signe de fléchissement, a déclaré James Lynch, directeur adjoint du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient à Amnesty International.

« Cette forte hausse des exécutions est d’autant plus affligeante que le système judiciaire saoudien pâtit de défaillances généralisées, qui se traduisent régulièrement par des condamnations à mort prononcées à l’issue de procès manifestement iniques. Les autorités saoudiennes doivent cesser de s’appuyer sur ce châtiment cruel et inhumain, et instaurer sans délai un moratoire officiel sur toutes les exécutions. »

Les autorités saoudiennes doivent cesser de s'appuyer sur ce châtiment cruel et inhumain, et instaurer sans délai un moratoire officiel sur toutes les exécutions

James Lynch, directeur adjoint du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient à Amnesty International

Le cas d’Ali al Nimr, 21 ans, condamné à mort sur la base d’« aveux » qui, selon lui, ont été extorqués sous la torture, illustre parfaitement l’usage arbitraire de la peine de mort au terme de procédures qui piétinent les normes internationales relatives aux droits humains.

Aujourd’hui, cela fait deux ans qu’Ali al Nimr, arrêté après avoir pris part à des manifestations anti-gouvernementales, a été condamné à mort par une juridiction chargée des affaires liées à la sécurité et au terrorisme pour une série d’infractions – attaque contre les forces de sécurité et vol à main armée notamment. Il n’avait que 17 ans lorsqu’il a été arrêté. Le droit international relatif aux droits humains interdit l’application de la peine de mort pour des infractions commises par des personnes âgées de moins de 18 ans. 

« Ali al Nimr a déjà passé deux ans dans le couloir de la mort. Au lieu de le contraindre à passer un seul jour de plus à attendre son exécution, les autorités saoudiennes devraient annuler sa condamnation et ordonner qu’il soit rejugé dans le cadre d’une procédure respectant les normes internationales d’équité, excluant tout recours à la peine de mort », a déclaré James Lynch.

Deux autres jeunes hommes, Abdullah al Zaher et Dawood al Marhoon ont été condamnés à mort quelques mois après Ali al Nimr, pour une série d’infractions similaires, et ont eux aussi déclaré avoir été torturés pour passer aux « aveux ».