Arabie saoudite. Les États membres de l’ONU doivent exiger la libération des défenseures des droits humains en Arabie saoudite

Les États doivent adopter une position claire contre les violations des droits humains en Arabie saoudite, en s’associant à une déclaration du Conseil des droits de l’homme de l’ONU à propos de la répression menée par le gouvernement saoudien contre les militant·e·s pacifiques, notamment un groupe de défenseures des droits humains détenues et victimes d’actes de torture et de violences sexuelles, a déclaré Amnesty International.

Cette déclaration clef, qui doit être remise lors de la session du Conseil des droits de l’homme du jeudi 7 mars 2019, portera vraisemblablement sur le recours de l’Arabie saoudite à la législation antiterroriste pour poursuivre en justice des personnes exerçant pacifiquement leur droit à la liberté d’expression et de réunion, ainsi que sur le meurtre de Jamal Khashoggi.

« Cette initiative du Conseil des droits de l’homme de l’ONU offre une rare occasion aux États d’adopter publiquement une position ferme contre les nombreuses violations des droits humains commises par le gouvernement saoudien. Les États qui ne réagissent pas risquent d’abdiquer leurs responsabilités à un moment crucial et de laisser entendre à l’Arabie saoudite que le pays peut continuer de commettre de graves violations sans avoir à rendre de comptes pour ces agissements », a déclaré Heba Morayef, directrice du programme régional Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.

Les États qui ne réagissent pas risquent d’abdiquer leurs responsabilités à un moment crucial et de laisser entendre à l’Arabie saoudite que le pays peut continuer de commettre de graves violations sans avoir à rendre de comptes pour ces agissements.

Heba Morayef, directrice du programme régional Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International

« Les États, y compris les principaux alliés de l’Arabie saoudite, doivent se servir de cette déclaration conjointe pour demander la libération immédiate et sans condition du groupe de défenseures des droits humains détenues et de toutes les autres personnes détenues pour le simple fait d’avoir critiqué le gouvernement. »

En tant que membre du Conseil des droits de l’homme, l’Arabie saoudite doit veiller au respect des normes les plus exigeantes en matière de promotion et de protection des droits humains. Pourtant le gouvernement n’a jamais mis en œuvre les recommandations clefs en vue de remédier à son bilan désastreux en matière de droits humains.

La semaine dernière, le parquet saoudien a annoncé qu’il avait conclu les enquêtes sur un groupe de défenseurs des droits humains, notamment des femmes défenseures des droits humains, détenus sans inculpation depuis mai 2018, et a indiqué que ces personnes seraient bientôt inculpées et déférées devant un tribunal.

Les accusations citées par le procureur sont les mêmes que celles pour lesquelles plusieurs défenseures des droits humains auraient formulé des aveux l’année dernière d’après le parquet. Au moins 10 défenseurs des droits humains, dont plusieurs des femmes défenseures des droits humains, ont été victimes d’actes de torture, notamment de violences sexuelles, et d’autres formes de mauvais traitements pendant les trois premiers mois de leur détention en 2018. Ces personnes étaient détenues au secret pendant cette période et ne pouvaient pas contacter leurs familles ou leurs avocats. Parmi les défenseures des droits humains détenues l’année dernière figurent Loujain al Hathloul, Eman al Nafjan, Aziza al Yousef, Samar Badawi, Nassima al Sada, Shadan al Anezi et Nouf Abdulaziz.

Les autorités saoudiennes ont nié à plusieurs reprises la torture des défenseur·e·s.

« Le bilan des autorités saoudiennes en ce qui concerne l’équité des procès est déplorable. En attendant leur libération, l’Arabie saoudite doit de toute urgence permettre à des observateurs indépendants de voir immédiatement et sans entrave les militant·e·s en détention afin de pouvoir enquêter sur ces allégations choquantes de torture », a déclaré Heba Morayef.

Le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi est un autre exemple frappant montrant jusqu’où les autorités saoudiennes sont prêtes à aller pour réprimer la dissidence pacifique.

Le gouvernement saoudien a également sévèrement restreint la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique, a arrêté des défenseur·e·s des droits humains, des dignitaires religieux et des dissident·e·s et a appelé à l’exécution de militant·e·s et de dignitaires religieux faisant l’objet de procès iniques. Malgré les quelques réformes, les femmes sont toujours soumises à une discrimination systématique en droit et en pratique en raison du système répressif de tutelle.

« La communauté internationale doit exiger que l’Arabie saoudite rende des comptes pour son bilan désastreux en matière de droits humains. Les membres du Conseil des droits de l’homme ont le devoir de prendre des mesures fermes et collectives afin d’amener l’Arabie saoudite à rendre des comptes pour ses nombreuses violations des droits humains », a déclaré Heba Morayef.