Émirats arabes unis. Un expert d’Amnesty International interdit d’entrée sur le territoire

Le refus des autorités émiriennes de laisser un expert d’Amnesty International entrer dans le pays mardi soir pour intervenir lors d’une conférence s’inscrit dans une série d’incidents mettant en évidence le désir du gouvernement de faire taire les voix dissidentes et de renforcer sa mainmise sur la liberté d’expression, a déclaré Amnesty International.

Mardi 26 mai au soir, James Lynch, responsable par intérim de l’équipe de l’organisation travaillant sur la responsabilité des entreprises en matière de droits humains, est arrivé à l’aéroport de Doubaï mais a été refoulé et forcé à réserver un vol retour pour le Royaume-Uni tôt le lendemain. Il avait été invité à un sommet économique régional, le Middle East Economic Digest Construction Leadership Summit (MEED), organisé à Doubaï mercredi 27 mai, pour évoquer la responsabilité incombant aux entreprises de protéger les droits des travailleurs migrants dans le secteur du bâtiment, en plein essor dans la région du Golfe.

Les autorités de l’aéroport n’ont fourni aucun motif pour justifier leurs actions, mais James Lynch a indiqué que l’un des fonctionnaires lui avait présenté un ordre d’expulsion comportant la mention : « Empêché d’entrer dans le pays pour des raisons de sécurité. »

« En empêchant les organisations de défense des droits humains d’interpeller les dirigeants d’entreprise de la région sur les droits des travailleurs migrants, les Émirats arabes unis persistent à passer sous silence cette question urgente en espérant que personne ne s’en apercevra. Pourtant, cette approche consistant à fermer les yeux est vouée à l’échec. Si les autorités émiriennes ne permettent pas le dialogue sur les droits du travail, elles continueront d’être dénoncées lorsque des travailleurs sont victimes d’atteintes aux droits humains », a déclaré James Lynch, qui est maintenant rentré à Londres.

Qu’est-ce que les Émirats arabes unis cherchent à cacher avec tant de vigueur ? Cette action choquante ne fera qu’aggraver leur réputation, qu’ils tiennent pourtant à protéger.

Said Boumedouha, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International

Ce n’est pas la première fois qu’une organisation internationale de défense des droits humains est interdite d’entrée aux Émirats arabes unis. Ce pays a déjà refusé l’accès d’experts de Human Rights Watch en janvier 2014. En mars 2013, les autorités ont également refoulé un observateur d’Amnesty International et d’autres experts internationaux qui voulaient assister à une audience d’un procès officiellement présentée comme « publique ». Enfin, en mars 2015, Andrew Ross, enseignant de l’Université de New York, a été empêché d’entrer sur le territoire émirien alors qu’il travaillait sur des questions liées aux droits des travailleurs au sein du campus de cette université à Abou Dhabi.

« Il est absurde de refuser l’entrée sur le territoire d’un défenseur des droits humains qui a été invité à intervenir lors d’une conférence. Le gouvernement affirme coopérer avec les organes internationaux chargés de veiller au respect des droits humains, mais son double discours a été démasqué. Les autorités émiriennes semblent prêtes à tout pour empêcher les personnes de s’exprimer au sujet des droits humains, a déclaré Said Boumedouha, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.  

« Qu’est-ce que les Émirats arabes unis cherchent à cacher avec tant de vigueur ? Cette action choquante ne fera qu’aggraver leur réputation, qu’ils tiennent pourtant à protéger. »