« Le siège israélien a transformé Gaza en une gigantesque prison. On ne peut pas partir, pas même pour recevoir des soins médicaux ou étudier à l’étranger, et la plupart des choses dont nous avons besoin ne se trouvent pas à Gaza. Nous ne vivons pas vraiment ; c’est à peine si nous survivons et les perspectives d’avenir sont sombres. » – Fathi, un habitant de Gaza
Le blocus imposé par Israël à la bande de Gaza il y a maintenant plus d’un an a piégé la population d’un million et demi de Palestiniens. Les ressources s’amenuisent et l’économie du pays est en ruine. Environ 80 p. cent de la population dépend aujourd’hui de l’aide internationale au compte-gouttes autorisée par l’armée israélienne. Cette crise humanitaire résulte de décisions humaines et pourrait parfaitement être évitée.
Même les personnes qui ont besoin de traitements médicaux urgents non disponibles à Gaza se voient souvent empêcher de partir et un grand nombre d’entre elles sont mortes. Les étudiants qui ont décroché une bourse dans une université étrangère sont eux aussi pris au piège à Gaza car ils sont privés de la possibilité de se construire un avenir.
Les autorités israéliennes soutiennent que le blocus de Gaza est une réponse aux attaques palestiniennes, notamment aux roquettes tirées sans discernement depuis Gaza sur la ville israélienne voisine de Sdérot. Au total, les attaques palestiniennes ont tué 25 Israéliens au premier semestre 2008 ; au cours de la même période, les forces israéliennes ont tué 400 Palestiniens.
Or, le blocus israélien ne cible pas les groupes armés palestiniens qui sont responsables de ces attaques – il punit de manière collective l’ensemble de la population de Gaza.
En avril 2008, Robert Serry, coordonnateur spécial de l’ONU pour le processus de paix au Moyen-Orient et représentant personnel du secrétaire général de l’ONU, a exhorté Israël à rétablir les livraisons de carburant à Gaza et à autoriser le passage de l’aide humanitaire et des marchandises.
« La punition collective de la population de Gaza, qui dure maintenant depuis des mois, a échoué », a-t-il déclaré.
Bien qu’un cessez-le-feu entre les forces israéliennes et les groupes armés palestiniens soit respecté à Gaza depuis le 19 juin 2008, le blocus israélien n’a pas été levé.
Effondrement de l’économie et pauvreté
Israël a interdit les exportations à partir de Gaza et ne laisse entrer le carburant et les marchandises qu’au compte-gouttes (principalement l’aide humanitaire, les vivres et les produits médicaux). Les articles de première nécessité ne sont disponibles qu’en petites quantités ou sont totalement épuisés à Gaza. La pénurie a fait grimper les prix des denrées alimentaires au moment où les Gazaouis ont le moins de moyens matériels. Une part grandissante de la population s’est ainsi retrouvée dans une situation de pauvreté extrême et souffre de malnutrition.
Environ 80 p. cent des habitants de Gaza dépendent désormais de l’aide internationale, contre 10 p. cent il y a dix ans. Les restrictions imposées par Israël se traduisent par une augmentation des coûts opérationnels pour les agences d’aide des Nations unies et les organisations humanitaires. L’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) dépense ainsi 20 dollars (environ 13 euros) par jour et par personne en aide alimentaire, contre moins de 8 dollars (environ 5 euros) en 2004.
Déjà affaiblie par des années de restrictions et de destruction, l’économie fragile de Gaza s’est effondrée. Dans l’incapacité d’importer des matières premières et d’exporter leur production, et en l’absence de carburant pour faire fonctionner les machines et les générateurs d’électricité, environ 90 p. cent des industries ont dû fermer.
Des services essentiels menacés
La pénurie de carburant affecte tous les aspects de la vie à Gaza. Le nombre d’admissions à l’hôpital a chuté du fait des difficultés de transport et les universités ont été contraintes de fermer leurs portes avant la fin de l’année scolaire car les étudiants et les enseignants ne pouvaient plus venir. Les pompes pour les puits et les réseaux de distribution d’eau, qui ont besoin de carburant pour fonctionner, sont souvent au repos.
Les unités médicales de Gaza manquent de personnel et d’équipements spécialisés pour traiter un certain nombre d’affections telles que le cancer et les maladies cardiovasculaires. Les hôpitaux sont aujourd’hui encore plus sous pression car le blocus les expose à des pénuries de matériel, de pièces de rechange et d’autres fournitures nécessaires.
Le cessez-le-feu étant respecté, les souffrances des Gazaouis ne font plus la une de l’actualité internationale. Mais les membres d’Amnesty International continuent de se mobiliser pour appeler :
les autorités israéliennes à lever immédiatement le blocus, à permettre le libre passage de quantités suffisantes de carburant, d’électricité et d’autres fournitures nécessaires à Gaza, et à autoriser ceux qui le souhaitent à quitter la région (notamment les personnes ayant besoin de traitements médicaux non disponibles à Gaza et les étudiants inscrits dans des universités étrangères) et à y revenir ultérieurement ;
les groupes armés palestiniens à ne pas procéder à de nouveaux tirs de roquettes et à ne pas lancer de nouvelles attaques contre des civils israéliens.