En réaction à la décision du tribunal de la municipalité d’Insein de condamner à un an de prison le réalisateur Min Htin Ko Ko Gyi, accusé de nuire à l’armée, Nicholas Bequelin, directeur pour l’Asie de l’Est et du Sud-Est à Amnesty International, a déclaré :
Le verdict de culpabilité rendu le 29 août illustre de manière consternante l’état de la liberté d’expression au Myanmar, où un simple post sur Facebook peut vous conduire en prison.
Nicholas Bequelin, directeur pour l’Asie de l’Est et du Sud-Est à Amnesty International
« Min Htin Ko Ko Gyi est un réalisateur respecté qui a déjà passé plus de quatre mois en détention pour avoir critiqué l’armée du Myanmar sur les réseaux sociaux. Le verdict de culpabilité rendu le 29 août illustre de manière consternante l’état de la liberté d’expression au Myanmar, où un simple post sur Facebook peut vous conduire en prison.
« Cette sanction est d’autant plus cruelle que Min Htin Ko Ko Gyi souffre de graves problèmes de santé, notamment d’un cancer du foie, et a besoin de soins spécialisés. Il ne devrait pas encourir des années de prison simplement pour avoir exprimé sans violence son opinion. Sa condamnation est une parodie de justice qui suscitera la peur et dissuadera d’autres citoyens d’exprimer des critiques à l’égard de l’armée.
« Min Htin Ko Ko Gyi est un prisonnier d’opinion : sa condamnation doit être annulée et il doit être libéré immédiatement et sans condition.
« Enfin, les autorités du Myanmar doivent abroger et modifier sans délai toutes les lois répressives utilisées pour cibler les militants et les détracteurs pacifiques et mettre un terme aux arrestations et aux poursuites à caractère politique visant les défenseurs des droits humains. »
Complément d’information
Min Htin Ko Ko Gyi est un réalisateur de premier plan et l’un des fondateurs du Human Dignity Film Institute (HDFI) et du festival international du film Human Rights, Human Dignity (Droits humains, dignité humaine) au Myanmar. Il a été arrêté le 12 avril 2019, après qu’un officier de l’armée du Myanmar l’a accusé de diffamation dans une série de publications sur Facebook critiquant la Constitution de 2008 rédigée par l’armée et le rôle de l’armée dans la vie politique.
Dans un premier temps, il a été accusé de « diffamation en ligne » au titre de l’article 66(d) de la Loi de 2013 relative aux télécommunications. Quelques jours plus tard, ce même militaire a déposé une deuxième plainte au titre de l’article 505(a) du Code pénal du Myanmar, qui interdit la circulation de déclarations ou d’informations susceptibles d’inciter un soldat ou d’autres membres de l’armée du Myanmar « à la mutinerie ou à manquer à son devoir d’une autre manière ». Il a été officiellement inculpé au titre de l’article 505(a) du Code pénal le 1er août 2019. Ce chef d’inculpation est passible d’une peine maximale de deux ans d’emprisonnement. La procédure liée à la plainte déposée au titre de l’article 66(d) – qui prévoit également une peine maximale de deux ans d’emprisonnement – est toujours en instance.
Min Htin Ko Ko Gyi est détenu à la prison d’Insein, à Yangon, depuis son arrestation, il y a plus de quatre mois. Les autorités ont refusé de lui accorder une mise en liberté sous caution alors qu’il se bat contre un cancer du foie et qu’il a subi une lourde intervention chirurgicale cette année.
Les autorités du Myanmar continuent d’arrêter et de maintenir en détention de façon arbitraire, et de soumettre à des poursuites judiciaires des militants et des défenseurs des droits humains qui n’ont pourtant fait qu’exercer pacifiquement leur droit à la liberté d’expression. Amnesty International continue de demander l’abrogation de plusieurs dispositions légales qui restreignent de façon arbitraire et incriminent l’exercice du droit à la liberté d’expression, notamment l’article 505 du Code pénal et l’article 66(d) de la Loi de 2013 relative aux télécommunications.