En réaction à l’annonce selon laquelle le gouvernement nouvellement élu au Pakistan prévoit d’élargir et d’accélérer son plan d’expulsion illégale des réfugié·e·s afghans se trouvant dans le pays après les festivités de l’Aïd el Fitr la semaine prochaine, James Jennion, chargé de campagne pour les droits des réfugiés et des migrants à Amnesty International, a déclaré :
« Le manque de prise en compte par les autorités pakistanaises des persécutions, des graves violations des droits humains et de la catastrophe humanitaire qui attendent les réfugié·e·s afghans s’ils sont expulsés vers l’Afghanistan sous contrôle des talibans pose problème. Au lieu de prêter attention aux appels répétés de la communauté internationale lui demandant de mettre un terme aux expulsions, le gouvernement pakistanais nouvellement élu étend désormais sa campagne d’expulsion aux détenteurs de la carte de citoyen afghan (ACC).
Le plan de rapatriement des étrangers en situation irrégulière enfreint le droit international relatif aux personnes réfugiées et aux droits humains, notamment le principe de non-refoulement, et met en péril la vie de tous les réfugiés afghans
James Jennion, chargé de campagne pour les droits des réfugiés et des migrants à Amnesty International
« Cette décision met en danger la vie de plus de 800 000 réfugié·e·s afghans au Pakistan et menace de déclencher une nouvelle vague de harcèlements et de détentions après le mois sacré du Ramadan.
« Le plan de rapatriement des étrangers en situation irrégulière enfreint le droit international relatif aux personnes réfugiées et aux droits humains, notamment le principe de non-refoulement, et met en péril la vie de tous les réfugiés afghans, et plus particulièrement la vie des femmes, des filles, des journalistes, des défenseur·e·s des droits humains, des manifestantes, des artistes et des anciens membres du gouvernement afghan et des services de sécurité. La décision du gouvernement pakistanais manque de transparence et annule de manière arbitraire la validité des cartes de citoyen afghan (ACC) qu’il avait lui-même délivrées.
« Nous demandons aux autorités pakistanaises de revenir immédiatement sur ces décisions et d’adopter d’urgence une loi respectueuse des droits humains qui protège les droits des réfugié·e·s dans le pays et de devenir partie à la Convention relative au statut des réfugiés de 1951, ainsi qu’à ses Protocoles. »
Complément d’information
De nombreux Afghan·e·s vivant dans la peur des persécutions depuis que les talibans ont pris le pouvoir en Afghanistan en août 2021 ont fui vers le Pakistan, où ils sont en butte à des vagues de détentions et d’arrestations arbitraires et vivent dans la crainte d’un renvoi forcé.
En octobre 2023, la Phase 1 du plan de rapatriement des étrangers en situation irrégulière a été annoncée : les réfugiés afghans sans papiers avaient un délai de 30 jours pour quitter le pays sous peine d’être expulsés, mettant 1,4 million de personnes en danger.
Depuis, Amnesty International a noté un manque total de transparence, de régularité des procédures et d’obligation de rendre des comptes en ce qui concerne les détentions et les expulsions illégales de réfugiés afghans au Pakistan, que le durcissement des mesures de harcèlement et de l’hostilité à leur égard exacerbe.
Lors de la Phase 2 du plan de rapatriement, les détenteurs de la carte de citoyen afghan (ACC) délivrée par le Pakistan seront expulsés du pays après l’Aïd el Fitr, fête majeure pour les musulmans, qui devrait tomber le 10 avril 2024 dans la région. La Phase 3 devrait aboutir à l’expulsion forcée et illégale des détenteurs de la carte de « preuve d’enregistrement » délivrée par le HCR.
Depuis septembre 2023, 527 981 réfugiés afghans sont retournés en Afghanistan, laissant derrière eux leur logement, leurs biens et leur communauté au Pakistan. Le gouvernement comptabilise plus de 800 000 détenteurs de la carte de citoyen afghan, tandis que le HCR estime qu’il y a plus de 1,3 million détenteurs de la carte de « preuve d’enregistrement » au Pakistan.
Amnesty International a plusieurs fois demandé au gouvernement de revenir sur sa décision et de ne pas expulser les réfugiés afghans, tout récemment dans sa Charte des droits humains déclinée en 10 points à l’intention du gouvernement nouvellement élu au Pakistan.