Guatemala. Les autorités doivent mettre fin aux poursuites contre la prisonnière d’opinion Virginia Laparra

En réaction aux avancées de la procédure judiciaire contre Virginia Laparra, ancienne procureure spéciale contre l’impunité, qui pourraient se conclure par une condamnation cette semaine, Erika Guevara-Rosas, directrice du programme Amériques à Amnesty International, a déclaré :

« Virginia Laparra est une prisonnière d’opinion qui se trouve privée de sa liberté injustement depuis plus de neuf mois. La persécution judiciaire menée à son encontre est infondée et n’est due qu’à son travail de procureure de premier plan luttant contre la corruption. Virginia Laparra doit être remise en liberté immédiatement. »

Le procès contre elle s’est ouvert le 28 novembre pour l’accusation d’abus de pouvoir persistants, infraction pénale passible d’une peine de neuf ans de prison maximum. Amnesty International a constaté de nombreuses irrégularités dans l’enquête et dans la manière dont l’affaire a été traitée. Cela s’inscrit dans un contexte de représailles et de criminalisation à l’encontre des magistrat·e·s, juges, procureur·e·s, journalistes et défenseur·e·s des droits humains qui luttent contre l’impunité et la corruption.

Virginia Laparra est une prisonnière d’opinion qui se trouve privée de sa liberté injustement depuis plus de neuf mois

Erika Guevara-Rosas, directrice du programme Amériques à Amnesty International

Virginia Laparra a été arrêtée le 23 février 2022 en sortant du travail, et elle est maintenue en détention provisoire depuis lors. Amnesty International a constaté que les autorités judiciaires ont bafoué les droits de Virginia Laparra à la liberté et aux garanties prévues par la loi. Le tribunal en charge de l’affaire a dépassé de manière injustifiée le délai pour recueillir son premier témoignage, et a refusé ses demandes de poursuivre le procès en liberté en s’appuyant sur des motifs arbitraires.

Depuis 2019, l’ancienne procureure a dû se défendre simultanément dans deux procédures entamées par le même plaignant de manière parallèle dans la ville de Guatemala et à Quetzaltenango, alors qu’ils concernent les mêmes faits. La procédure pénale a poursuivi son cours jusqu’à ce jour, bien qu’il n’existe aucune preuve pour étayer l’accusation, ni aucune clarté concernant la caractérisation ni le fondement du comportement illicite présumé. Les multiples violations constatées par Amnesty International se caractérisent également par une détention arbitraire conformément à la définition du Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire.

« Il est inacceptable que les plus hautes autorités s’adonnent à la manipulation du système de justice pénale pour harceler et punir les personnes qui ont contribué à des avancées significatives dans la lutte contre l’impunité dans des cas emblématiques de corruption et de violations des droits humains, rendant ainsi sa dignité à la justice guatémaltèque dans les yeux de la population », a déclaré Erika Guevara-Rosas.