Amnesty International annonce, ce 25 mai 2021, les noms des quatre lauréat·e·s de la bourse créée en hommage à son collaborateur décédé Gaëtan Mootoo, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest, qui a travaillé pour l’organisation pendant plus de 30 ans.
Amnesty International, qui chérit le souvenir de Gaëtan, dévoile ces noms publiquement à l’occasion de l’anniversaire de sa mort, le 25 mai 2018. Après avoir lancé un appel à candidature il y a deux mois, le comité de sélection a reçu 274 demandes au total. Quatre candidat·e·s, deux femmes et deux hommes, ont été choisis comme lauréat·e·s de la première édition de la bourse Gaëtan Mootoo pour les droits humains.
La quête incessante de Gaëtan en faveur de la justice lui a permis de remporter des victoires dans le domaine des droits humains, là où d’autres auraient peut-être renoncé. Sa profonde compassion à l’égard des personnes dont il s’efforçait d’assurer la libération, son engagement sans faille et son humilité font de lui un exemple, un défenseur des droits humains auquel nous aimerions tous ressembler.
Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International.
« La quête incessante de Gaëtan en faveur de la justice lui a permis de remporter des victoires dans le domaine des droits humains, là où d’autres auraient peut-être renoncé. Sa profonde compassion à l’égard des personnes dont il s’efforçait d’assurer la libération, son engagement sans faille et son humilité font de lui un exemple, un défenseur des droits humains auquel nous aimerions tous ressembler. Grâce à son travail d’enquêteur obstiné, il a changé la vie d’un nombre incalculable de personnes à travers le monde, a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International.
« Sa perte, en tant que membre de la communauté des droits humains mais aussi en tant qu’ami très cher, se fait vivement sentir et, avec sa famille, nous avons souhaité honorer sa mémoire et son immense héritage en donnant à d’autres la possibilité de suivre ses traces et d’appeler à un monde plus juste. C’est avec une grande joie que je tiens à féliciter les candidat·e·s retenus. »
Grâce à la Bourse Gaëtan Mootoo, Tathi Yende Viviane (Cameroun), Charlin Ulderel Kinouanii Ntnondele (République du Congo), Alphonsine Demba (Sénégal) et Sylvain Kouassi Faithe (Côte d’Ivoire) seront parrainés pour assister aux cours d’été en ligne de la Fondation René Cassin – Institut international pour les droits de l’homme, qui se déroulera du 5 au 24 juillet 2021. Cette session en ligne portera essentiellement sur le droit international relatif aux droits humains et le droit international pénal et humanitaire.
Les quatre lauréat·e·s, âgés de 29 à 31 ans, sont déjà engagés sur la voie de la défense des droits humains dans leurs pays respectifs. Ils sont prêts à suivre les traces de Gaëtan et œuvrent pour que justice soit rendue au sein de leurs communautés.
« La bourse m’offre la possibilité de fonder un solide réseau de défenseur·e·s des droits humains. Cela me permettra également d’apprendre à mieux mettre en œuvre ma passion, à savoir la défense des droits fondamentaux au sein de ma communauté », a déclaré Tathi Yende Viviane, du Cameroun.
Militant de la société civile de la République du Congo, Charlin Ulderel Kinouanii Ntnondele a expliqué que son engagement est né de ce qu’il a été privé de son droit à l’éducation pendant un conflit armé qui a fait rage dans son pays pendant cinq ans.
« C’est pourquoi il est essentiel pour moi de participer à ce cours, qui m’aidera à me mobiliser plus efficacement pour le respect des droits humains et la consolidation de la démocratie dans mon pays », a-t-il déclaré.
Pour la citoyenne sénégalaise Alphonsine Demba, qui travaille surtout sur les droits des femmes et des enfants, cette bourse tombe à point nommé et l’aidera à approfondir ses connaissances en matière de droits humains.
« À l’avenir, je prévois de mettre à profit les connaissances engrangées durant la formation pour rejoindre une grande organisation de défense des droits humains et m’efforcer de mieux défendre ces droits et de faire campagne en faveur d’une application effective des conventions signées et ratifiées par nos pays », a-t-elle expliqué.
Quant au jeune défenseur ivoirien des droits humains Sylvain Kouassi Faithe, il a indiqué qu’il s’appuierait sur ce cours pour mieux défendre les droits des minorités et prévenir les violations des droits humains dans la région centrale de son pays.
Gaëtan a effectué des recherches sur la situation des droits humains dans de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale – Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Sierra Leone, Tchad, Togo. Ses recherches méticuleuses et son analyse rigoureuse ont permis la libération de nombreux prisonniers et prisonnières d’opinion, ont contribué à obtenir justice et réparation pour de nombreuses victimes et ont aidé un grand nombre de populations touchées par des atteintes aux droits humains à progresser sur la voie du rétablissement.
« Il est de plus en plus difficile de s’élever contre les violations des droits humains alors que le monde, autour de nous, est en pleine mutation et que les sources de répression changent. Nous devons rester en phase avec cette évolution, traiter les problématiques d’aujourd’hui, tout en faisant preuve de clairvoyance, d’adaptabilité et de détermination afin d’être en mesure de défendre également les droits humains du futur, » a déclaré Agnes Callamard.
« Nous devons encourager et former de jeunes militant·e·s et de jeunes leaders aujourd’hui. Nous devons partager les connaissances, échanger et collaborer avec eux afin de leur permettre de donner plus de force à leur action face aux réalités en matière de droits humains. Enfin, il nous faut lever les vieux obstacles et ouvrir de nouveaux horizons afin que leur force, leur innovation et leur vision guident le mouvement mondial de défense des droits humains aujourd’hui et demain. Cette bourse est un grand pas en avant vers cette réalité. »