Répression sans précédent contre la liberté d’expression sous la présidence d’Abdelfattah al Sissi : l’Égypte devient une prison à ciel ouvert

La répression contre la liberté d’expression sous le régime du président Abdelfattah al Sissi atteint des niveaux alarmants, sans précédent dans l’histoire récente de l’Égypte, a déclaré Amnesty International le 20 septembre à l’occasion du lancement de sa campagne réclamant la libération immédiate et inconditionnelle de toutes les personnes détenues uniquement pour avoir exprimé leurs opinions sans violence.

Cette campagne, Egypt, an Open-Air Prison for Critics, débute en réaction à la sévérité inédite de la répression en Égypte, dans un contexte de mécontentement croissant des citoyens face à la situation économique et politique. Amnesty International invite ses sympathisants du monde entier à faire preuve de solidarité avec celles et ceux dont la liberté d’expression est compromise, en écrivant au gouvernement égyptien et en réclamant la fin des persécutions.

« Il est actuellement plus dangereux que jamais dans l’histoire récente de l’Égypte de critiquer le gouvernement. Sous la présidence d’Abdelfattah al Sissi, les Égyptiens sont traités comme des criminels simplement parce qu’ils expriment leurs opinions sans violence, a déclaré Najia Bounaim, directrice des campagnes pour l’Afrique du Nord à Amnesty International.

« Les services de sécurité s’en prennent aux espaces politiques, sociaux ou culturels encore indépendants. Ces mesures, plus extrêmes que sous le régime répressif du président Hosni Moubarak, qui a duré 30 ans, font de l’Égypte une prison à ciel ouvert pour les détracteurs. »

Depuis décembre 2017, Amnesty International a recensé au moins 111 cas de personnes détenues par l’Agence de sécurité nationale pour avoir critiqué le président et la situation des droits humains en Égypte.

Il est actuellement plus dangereux que jamais dans l’histoire récente de l’Égypte de critiquer le gouvernement. Sous la présidence d’Abdelfattah al Sissi, les Égyptiens sont traités comme des criminels simplement parce qu’ils expriment leurs opinions sans violence.

Najia Bounaim, directrice des campagnes pour l’Afrique du Nord à Amnesty International

Des centaines de militants politiques, de journalistes, de défenseurs des droits humains, d’opposants, d’artistes et de fans de football sont actuellement derrière les barreaux pour avoir osé s’exprimer. La raison de leur arrestation va de leur passé de militant à leurs activités sur les réseaux sociaux. Au moins 35 personnes sont détenues pour « manifestation non autorisée » et « appartenance à une organisation terroriste », parce qu’elles se sont rassemblées par solidarité lors d’une petite manifestation pacifique contre la hausse du prix des tickets de métro. Des humoristes et des satiristes se retrouvent aussi dans le collimateur : au moins deux personnes ayant publié des commentaires satiriques en ligne ont été arrêtées par la police sous prétexte d’« outrage à la décence publique » ou d’autres infractions définies en termes vagues.

Les autorités égyptiennes ont récemment adopté une nouvelle législation qui autorise une censure massive des plateformes d’information indépendantes et des sites des organisations de défense des droits humains. Depuis avril 2017, les services de sécurité ont bloqué au moins 504 sites Internet sans autorisation ni supervision judiciaires. Des lois ont été adoptées par le Parlement égyptien, sans consulter la société civile ni les journalistes, en prétextant surtout des dispositions « antiterroristes ».

« Le gouvernement du président Abdelfattah al Sissi punit l’opposition pacifique et les militants politiques en invoquant des lois antiterroristes fallacieuses et formulées en termes vagues qui définissent la dissidence comme un acte criminel, a déclaré Najia Bounaim.

« Les nouvelles lois relatives aux médias et à la cybercriminalité confèrent à l’État un contrôle quasi-total sur les organes de la presse écrite, en ligne et audiovisuelle. »

Amnesty International demande aux autorités égyptiennes de libérer tous les prisonniers incarcérés uniquement pour avoir exprimé pacifiquement leurs opinions, de mettre fin à leur campagne répressive de censure des médias et d’abolir une législation qui resserre l’étau sur la liberté d’expression dans le pays.

Les mesures injustifiées et impitoyables visant à museler les voix pacifiques poussent des centaines de militants et d’opposants à quitter le pays pour éviter toute arrestation arbitraire. Amnesty International souligne le courage des Égyptiens qui continuent de dénoncer haut et fort l’injustice.

« Malgré ces atteintes inédites à la liberté d’expression et malgré la peur qui gangrène désormais leur vie quotidienne, de nombreux Égyptiens continuent de contester pacifiquement ces restrictions, au péril de leur liberté, a déclaré Najia Bounaim.

« C’est pourquoi nous demandons aux sympathisants d’Amnesty International dans le monde entier de témoigner leur solidarité avec tous ceux qui sont détenus en Égypte uniquement pour avoir exprimé pacifiquement leur opinion. Nous devons montrer à ces citoyens courageux qu’ils ne sont pas seuls. »

Amnesty International invite ses sympathisants à signer sa pétition et à écrire aux autorités égyptiennes, afin de réclamer leur libération immédiate et inconditionnelle.