Russie. Violente répression : Alexeï Navalny emprisonné ; plusieurs centaines d’autres personnes arrêtées

Le leader d’opposition russe Alexeï Navalny et tous les manifestants pacifiques arrêtés après les manifestations de grande ampleur qui se sont déroulées dimanche 26 mars aux quatre coins de la Russie, doivent être immédiatement libérés, a déclaré Amnesty International. Alexeï Navalny a été condamné lundi à 15 jours d’emprisonnement.

« En procédant à plusieurs centaines d’arrestations, les autorités russes ont montré le peu de cas qu’elles faisaient de la liberté d’expression et de réunion », a déclaré Sergueï Nikitine, le directeur d’Amnesty International Russie.

La Russie a battu son triste record en matière d'arrestations de masse, puisque plus d'un millier de personnes ont été arrêtées le même jour, pour la seule ville de Moscou.

Sergueï Nikitine, directeur d'Amnesty International Russie

« La Russie a battu son triste record en matière d’arrestations de masse, puisque plus d’un millier de personnes ont été arrêtées le même jour, pour la seule ville de Moscou. Un observateur d’Amnesty International a pu voir des personnes âgées poussées dans les escaliers, des adolescents roués de coups par la police et des journalistes placés en détention arbitraire. »

« Quelques cas isolés de violences commises par des manifestants ont certes été signalés, mais les rassemblements de Moscou et d’ailleurs se sont déroulés dans l’immense majorité des cas de façon pacifique. Nous prions instamment les autorités russes de répondre à ces incidents de manière proportionnée et de veiller à ce qu’ils soient tous traités équitablement et ouvertement par des tribunaux compétents. Tous les manifestants pacifiques interpellés doivent être libérés sans délai. Nul ne doit être emprisonné pour avoir simplement voulu exercer son doit à la liberté d’expression et de réunion non violente. »

Un observateur d'Amnesty International a pu voir des personnes âgées poussées dans les escaliers, des adolescents roués de coups par la police et des journalistes placés en détention arbitraire.

Sergueï Nikitine

Alexeï Navalny a passé la nuit de dimanche à lundi dans un commissariat de police. Il a été condamné lundi 27 mars à une lourde amende pour avoir, selon une première accusation, organisé le mouvement de protestation. Il a ensuite été inculpé d’une autre infraction, devant le même tribunal. Il lui était reproché cette fois d’avoir opposé une résistance au moment de son arrestation. Il a été condamné à ce titre à une peine d’emprisonnement.

Des agents de la Commission d’enquête se sont rendus en nombre aujourd’hui dans les commissariats de Moscou où étaient détenus des manifestants, ce qui laisserait penser que les autorités envisagent d’engager des poursuites pénales contre certains de ces détenus.

Complément d’information

Des manifestations visant à dénoncer la corruption ont eu lieu dimanche 26 mars à Moscou et dans de nombreuses autres villes russes. Sur plus de 80 demandes d’autorisation de rassemblement déposées un peu partout en Russie, seules 21 avaient reçu une réponse favorable de la part des autorités locales. À Moscou comme à Saint-Pétersbourg, les manifestants sont descendus dans la rue malgré l’interdiction de fait décrétée par les pouvoirs publics.

Un observateur d’Amnesty International a assisté à l’arrestation de plusieurs dizaines de manifestants non violents sur la place Pouchkine, à Moscou, et a été témoin de plusieurs cas de recours excessif à la force par la police. Il a notamment pu voir des éléments de la police anti-émeute encercler des personnes qui se trouvaient debout dans l’escalier du cinéma « Rossia », puis les pousser du haut des marches, provoquant une panique, au cours de laquelle d’autres personnes sont tombées. Amnesty International n’a pas assisté à des violences de la part de manifestants. Toutefois, un policier aurait perdu connaissance à Moscou après avoir été roué de coups. Un manifestant a également été arrêté à Volgograd (dans le sud de la Russie) pour avoir frappé un policier à coups de pied.

Selon les estimations des observateurs indépendants, plus d’un millier de personnes ont été arrêtées à Moscou, 130 à Saint-Pétersbourg et plusieurs centaines dans d’autres villes. D’après les informations parues dans la presse, des interpellations auraient eu lieu lors de rassemblements, entre autres, à Ekaterinbourg, Ioujno-Sakhalinsk, Kazan, Khabarovsk, Komsomolsk-sur-Amour, Krasnodar, Makhatchkala, Naberejnie Tchelny, Nijni Novgorod, Pskov, Samara, Tambov, Tcheliabinsk, Vladivostok et Volgograd. 

L’opposant Alexeï Navalny a été arrêté sur la place Trioumfalnaïa. Il a passé la nuit dans un commissariat de police, avant d’être présenté à un tribunal. Les bureaux du Fonds anti-corruption qu’il a créé ont été perquisitionnés et toutes les personnes qui travaillaient pour cette organisation ont été placées en détention pour désobéissance aux ordres légaux de la police.