L’Égypte bloque l’accès des Gazaouis au monde extérieur

Plus de 1 000 Palestiniens de la bande de Gaza sont coincés dans le nord de l’Égypte, dans la région du Sinaï, alors que les autorités égyptiennes tentent de les contraindre à rentrer à Gaza. Les autorités empêchent les Gazaouis d’aller à l’étranger pour y recevoir des soins médicaux non disponibles à Gaza ou pour se rendre sur leur lieu de travail ou d’étude dans différents pays. Depuis une semaine, l’Égypte intensifie ses efforts pour refermer le mur à la frontière, dans lequel des brèches ont été ouvertes par des activistes palestiniens le 23 janvier. Des centaines de milliers de Gazaouis ont ainsi pu passer en Égypte pour y acheter des vivres, des médicaments, du carburant et d’autres biens de première nécessité qui font cruellement défaut à Gaza à cause du blocus sévère imposé par Israël dans la bande de Gaza. Un grand nombre des personnes qui sont aujourd’hui coincées dans le Sinaï se sont retrouvées prises au piège à Gaza en juin 2007, alors qu’elles avaient des raisons légitimes d’aller dans d’autres pays. Certaines devaient par exemple se rendre à l’étranger pour des soins ou des rendez-vous médicaux, d’autres avaient un travail ou étudiaient dans des universités ou dans d’autres établissements à l’étranger. La frontière entre Gaza et l’Égypte a été fermée en juin dernier, ce qui a eu pour effet d’emprisonner pour ainsi dire le million et demi de Palestiniens habitant à Gaza. La plupart vivent dans une pauvreté abjecte à cause du blocus israélien de Gaza, qui a détruit l’économie palestinienne. Les stocks, de nourriture notamment, qui étaient disponibles dans les petites villes du Sinaï, région frontalière de la bande de Gaza, ont été épuisés en quelques jours. Depuis le 26 janvier, les autorités égyptiennes empêchent les magasins et marchés locaux de se réapprovisionner – dans le but de dissuader les Gazaouis de venir en Égypte pour y acheter des denrées mais aussi afin d’obliger ceux qui se trouvent déjà sur place à rentrer à Gaza. « L’Égypte a le droit de sécuriser sa frontière avec Gaza mais il serait inacceptable de revenir à une situation dans laquelle la frontière entre l’Égypte et Gaza – seul point de passage des Gazaouis vers le monde extérieur – serait complètement fermée, comme ce fut le cas pendant sept mois, a déclaré Malcolm Smart, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International. « Quel que soit l’accord auquel parviennent les gouvernements israélien et égyptien, l’Autorité palestinienne et le gouvernement de facto du Hamas à Gaza au sujet de la gestion de la frontière, cet accord doit respecter totalement les droits fondamentaux de la population gazaouie. » Les brèches ouvertes dans le mur entre Gaza et l’Égypte ont fait suite au durcissement du blocus déjà très sévère imposé par les autorités israéliennes à Gaza ; les biens essentiels tels que le carburant et l’aide humanitaire ne pouvaient ainsi entrer à Gaza. Le 30 janvier, la Cour suprême israélienne a rejeté une demande déposée par 10 organisations israéliennes et palestiniennes de défense des droits humains qui souhaitaient que le gouvernement israélien cesse de couper les approvisionnements de la bande de Gaza en carburant et en électricité. Les demandeurs estimaient qu’il s’agissait d’une mesure punitive constituant une sanction collective et contraire au droit international humanitaire. Le secrétaire général adjoint aux affaires politiques de l’ONU, B. Lynn Pascoe, a déclaré que seuls 32 camions remplis de marchandises avaient pu entrer à Gaza entre le 18 et le 29 janvier du fait du blocus israélien. Au total, ce sont 224 chargements provenant de différentes agences de l’ONU qui n’ont pu être livrés. Avant le durcissement du blocus israélien imposé à Gaza en juin, 250 camions de marchandises entraient en moyenne chaque jour à Gaza. Les agences de l’ONU et les organisations humanitaires se plaignent depuis des mois du fait que le blocus les empêche d’acheminer les quantités d’aide nécessaires pour satisfaire les besoins de la population gazaouie. La situation reste critique, même si les autorités israéliennes permettent désormais l’entrée à Gaza de quantités limitées de carburant et d’autres biens indispensables. Les coupures de courant régulières continuent de perturber le fonctionnement des hôpitaux et des centres médicaux ainsi que les traitements des patients. Les établissements de Gaza manquent également de personnel et d’équipements spécialisés pour traiter un certain nombre d’affections telles que le cancer et les maladies cardiovasculaires. Amnesty International appelle les autorités égyptiennes à faciliter l’accès à des soins médicaux pour les patients originaires de Gaza qui se trouvent maintenant en Égypte. L’organisation demande une nouvelle fois aux autorités israéliennes de permettre un accès rapide à des soins médicaux pour les personnes nécessitant d’urgence un traitement non disponible à Gaza. Amnesty International demande enfin à l’Autorité palestinienne et au gouvernement jordanien d’aider à faciliter l’accès de ces patients à des soins médicaux.