Un nombre alarmant de pays ont eu recours à la peine de mort en 2014 sous prétexte de lutter contre la criminalité et le terrorisme.
La Chine, l’Iran, l’Irak et le Pakistan ont tous exécuté des personnes accusées de Si le nombre de condamnations a augmenté, le nombre Seuls 22 États dans le monde ont procédé à des exécutions en 2014, contre 41 il y aIl est honteux qu’autant de pays […] jouent avec la vie des gens et condamnent à mort des personnes pour “terrorisme” […] sous un faux prétexte de dissuasion.
Salil Shetty, Secrétaire Genéral d’Amnesty International
Aperçu général
Condamnations à mort et exécutions entre 2007 et 2014
Repères
Le long chemin de la Chine vers une réforme de la peine de mort
La Chine a annulé un certain nombre de condamnations à mort en 2014, mais est-ce vraiment un signe encourageant de la part du pays qui exécute le plus au monde ?
L’avocat spécialiste des droits humains Teng Biao fait part de ses remarques.
J’ai cofondé en 2010 l’ONG La Chine contre la peine de mort et j’ai participé à de nombreuses affaires où l’accusé encourait la peine de mort. Je sais donc que les acquittements sont très rares dans le système judiciaire chinois, qui présente de multiples carences. J’ai été assez surpris par l’annulation d’un certain nombre de condamnations à mort au cours de l’année passée.
La justice est notamment revenue sur la déclaration de culpabilité d’Hugjiltu, un adolescent de Mongolie intérieure, qui a été innocenté 18 ans après avoir été exécuté pour meurtre.
La famille d’Hugjiltu essayait depuis des années de prouver son innocence. Dans le cas de Nian Bin, [un commerçant] qui avait été reconnu coupable d’assassinat, il a fallu trois recours et six années avant que le tribunal n’ordonne la tenue d’un nouveau procès, qui s’est conclu par un acquittement très médiatisé l’an passé.
Si ce délai peut paraître important, le cours de la justice se révèle en général bien plus long. Je connais des avocats et des proches qui ont rassemblé des éléments de preuve et formé des recours depuis vingt ans, parfois plus, et qui attendent toujours aujourd’hui.
Satisfaire l’opinion publique
En dépit des acquittements dont on a beaucoup entendu parler, je demeure sceptique. Ces affaires ont attiré l’attention, mais je n’y vois pas d’avancées : ce ne sont pas des indicateurs d’une quelconque réforme judiciaire ou politique. D’une certaine manière, les acquittements ont surtout pour objectif d’apaiser la colère de l’opinion face aux erreurs judiciaires. En réalité, les hauts dirigeants ne souhaitent pas de véritable changement.
Des cas comme ceux d’Hugjiltu et de Nian Bin sont révélateurs de dysfonctionnements dans l’ensemble de l’appareil judiciaire. La torture est strictement interdite par la loi chinoise. Dans la pratique, elle demeure pourtant monnaie courante. Les policiers qui y ont recours ne sont que rarement sanctionnés et les « preuves » extorquées sous la torture sont utilisées par les juges alors que la loi s’y oppose. L’absence d’indépendance de la justice explique en grande partie cette situation. De plus, il est difficile pour les médias, contrôlés par l’État, de signaler les cas de torture.
Photos: William Wan /The Washington Post via Getty Images