Réagissant à la condamnation pour « sédition » de l’ancien média de Hong Kong Stand News et de deux de ses anciens rédacteurs en chef, Sarah Brooks, directrice pour la Chine à Amnesty International, a déclaré :
« Ce verdict consternant est un nouveau coup porté à la liberté de la presse à Hong Kong. Le site d’information Stand News et ses deux rédacteurs en chef déclarés coupables aujourd’hui ont été pris pour cible uniquement en raison de leur travail journalistique légitime.
« L’affaire du Stand News représente le premier procès pour sédition – et la première condamnation liée à la sécurité nationale – d’une entreprise de médias et de journalistes depuis 1997, année où Hong Kong a été rétrocédée à la Chine par la Grande-Bretagne. Signe avant-coureur de futures répressions potentielles, ce verdict risque d’avoir des conséquences désastreuses pour la liberté de la presse dans la ville.
« Le jugement selon lequel 11 articles publiés sur le site Stand News étaient « séditieux » va inévitablement forcer les journalistes travaillant à Hong Kong à réfléchir à deux fois à ce qu’ils écrivent et renforcer dans la ville un climat de peur alimenté par une succession de lois répressives relatives à la sécurité nationale.
« Les autorités de Hong Kong doivent cesser d’utiliser les lois sur la sédition, relatives à des infractions remontant à l’époque coloniale, pour museler la liberté de la presse et d’autres droits humains. Les journalistes condamnés aujourd’hui n’ont commis aucune infraction reconnue par le droit international et leur condamnation doit être annulée. »
Complément d’information
L’ancien rédacteur en chef de Stand News, Chung Pui-kuen, son ancien rédacteur en chef par intérim, Patrick Lam, et sa société mère, Best Pencil (Hong Kong) Limited, ont été condamnés aujourd’hui pour conspiration en vue de publier des publications séditieuses, au titre de la législation de Hong Kong relative à la sédition qui reprend l’Ordonnance sur les crimes.
La détermination de la peine est prévue pour le 26 septembre 2024, Chung Pui-kuen et Patrick Lam restant en liberté sous caution jusqu’à cette date. La peine maximale encourue était de deux ans d’emprisonnement pour le délit de sédition en vertu des dispositions de l’Ordonnance sur les crimes. Cette infraction est désormais réprimée par la nouvelle loi relative à la sécurité nationale – l’Ordonnance sur la sauvegarde de la sécurité nationale – qui a été promulguée en mars 2024 et qui prévoit une peine maximale de 10 ans d’emprisonnement.
Les poursuites contre les journalistes et la société de médias sont fondées sur la publication de 17 articles prétendument séditieux, y compris des reportages, des interviews, des profils et des articles d’opinion. Le juge a aujourd’hui estimé que 11 d’entre eux constituaient des publications séditieuses.
Stand News, un média numérique à but non lucratif, a cessé ses activités et supprimé son site internet en décembre 2021 après la descente menée dans sa salle de rédaction par plus de 200 agents de la police de la sécurité nationale.
Le procès s’est ouvert en octobre 2022 et ses conclusions ont été ajournées à de nombreuses reprises jusqu’au prononcé du verdict le 29 août.