De grandes organisations de défense des droits humains joignent leurs forces pour réclamer l’acquittement de 19 défenseur·e·s des droits humains inculpés d’avoir participé à une marche des fiertés en 2019, à la veille du jugement attendu jeudi 10 décembre 2020.
Les 18 étudiant·e·s et un professeur de l’Université technique du Moyen-Orient (ODTÜ) encourent jusqu’à trois ans d’emprisonnement uniquement pour avoir organisé et participé à une marche des fiertés sur le campus, défilé que la direction de l’université avait interdit en toute illégalité.
À l’été 2019, des étudiant·e·s et d’autres personnes participant à une fête de l’amour et de la solidarité pacifique ont dû faire face à des tirs de gaz poivre, de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogène par la police.
Nils Muižnieks, directeur régional pour l’Europe à Amnesty International
« À l’été 2019, des étudiant·e·s et d’autres personnes participant à une fête de l’amour et de la solidarité pacifique ont dû faire face à des tirs de gaz poivre, de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogène par la police. Dix-neuf d’entre eux sont aujourd’hui traînés devant les tribunaux pour des chefs d’accusation dénués de tout fondement et encourent des peines de prison absurdes, a déclaré Nils Muižnieks, directeur régional pour l’Europe à Amnesty International.
« L’interdiction de la marche des fiertés n’était justifiée par aucun motif juridique. Ces étudiant·e·s courageux qui l’ont bravée n’ont fait qu’exercer leur droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique, qui a été bafoué. Ils doivent être acquittés. »
Ces 19 personnes sont poursuivies pour « rassemblement illégal » et « non-dispersion malgré sommation ». Pourtant, en février 2019, la cour d’appel administrative d’Ankara avait levé l’interdiction totale de tous les événements LGBTI+ imposée dans le cadre de l’état d’urgence, que la direction de l’université avait invoquée comme fondement légal pour empêcher la tenue de la marche des fiertés annuelle sur le campus.
Malgré les appels qui lui ont été adressés en faveur du maintien de la marche, la direction de l’université a appelé la police pour disperser les étudiant·e·s le jour même. Alors qu’ils étaient assis pacifiquement sur l’herbe, la police a fait usage de gaz poivre, de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogène. Plusieurs d’entre eux ont été blessés et beaucoup d’autres arbitrairement arrêtés.
La seule issue juste aux poursuites iniques intentées contre ces 19 défenseur·e·s des droits humains pour leur participation à une marche des fiertés pacifique est l’acquittement pur et simple.
Nils Muižnieks
Un an plus tard, en juin 2020, une autre cour administrative d’Ankara a invalidé l’interdiction illégale de l’université, confirmant ainsi qu’elle ne reposait sur aucun fondement juridique.
« Dans un contexte d’homophobie croissante en Turquie, des étudiant·e·s et des membres du personnel de l’Université technique du Moyen-Orient défilent chaque année sur leur campus pour célébrer les fiertés et exiger l’égalité et la dignité pour les personnes LGBTI+ ; et ils en ont tout à fait le droit, a déclaré Nils Muižnieks.
« La seule issue juste aux poursuites iniques intentées contre ces 19 défenseur·e·s des droits humains pour leur participation à une marche des fiertés pacifique est l’acquittement pur et simple. »
Complement information
Le cas des étudiants de l’Université technique du Moyen-Orient (ODTÜ) est relayé dans le cadre de la campagne phare d’Amnesty International, Écrire pour les droits, qui a débuté le mois dernier : https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2020/11/write-for-rights-a-chance-for-governments-to-stand-up-for-humanity/
Cliquez ici pour consulter la déclaration (en anglais) signée par Agir ensemble pour les droits humains, Amnesty International, Civil Rights Defenders, Front Line Defenders, Droits de l’homme sans frontières, ILGA-Europe – Branche européenne de l’Association internationale des lesbiennes, gays, bisexuels, transsexuels et intersexués, la Fédération internationale des Ligues des droits de l’homme (FIDH), dans le cadre de l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’homme, le Comité Helsinki des Pays-Bas, l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT).