Thaïlande. Les accusations de diffamation visant la présidente d’Amnesty International ont été abandonnées

En réaction aux informations selon lesquelles le procureur de la province de Pattani mettra officiellement fin aux poursuites pénales pour diffamation contre la présidente d’Amnesty International Thaïlande, Pornpen Khongkachonkiet, et deux autres défenseurs des droits humains, Somchai Homla et Anchana Heemminan, le directeur d’Amnesty International pour l’Asie du Sud-est et le Pacifique, James Gomez, a déclaré :

S'il est réconfortant que les accusations portées à l'encontre de trois courageux défenseurs des droits humains soient enfin abandonnées, le fait est qu'ils n'auraient jamais dû être inquiétés

James Gomez, directeur d'Amnesty International pour l'Asie du Sud-est et le Pacifique

« S’il est réconfortant que les accusations portées à l’encontre de trois courageux défenseurs des droits humains soient enfin abandonnées, le fait est qu’ils n’auraient jamais dû être inquiétés. Pornpen Khongkachonkiet, Somchai Homla-or et Anchana Heemmina n’ont rien fait d’autre que de se mobiliser, sans violence, pour les droits de leurs concitoyens et il est scandaleux de penser qu’ils auraient pu se retrouver derrière les barreaux uniquement pour avoir dénoncé la torture imputable à l’armée.

« La Thaïlande doit prendre au sérieux la responsabilité qui lui incombe de créer un environnement dans lequel les défenseurs des droits humains puissent faire leur travail sans craindre de représailles. Elle doit abandonner toutes les accusations visant les personnes emprisonnées ou poursuivies pour avoir exercé leurs droits pacifiquement.

« En outre, le gouvernement thaïlandais doit dépénaliser la diffamation, car ces lois sont souvent utilisées pour poursuivre en justice ceux qui dénoncent la torture et d’autres violations. Même si une affaire ne va pas jusqu’au tribunal, le dépôt de plaintes et de poursuites pénales est une forme puissante de harcèlement qui entrave fortement la liberté d’expression. » 

Complément d’information

En février 2016, la Cross-Cultural Foundation et le Duay Jai Group (Groupe de soutien chaleureux) ont publié un rapport conjoint recensant 54 cas de torture et d’autres mauvais traitements imputables à la police et l’armée royales thaïlandaises dans les provinces du sud de la Thaïlande.

Le 17 mai 2016, le Commandement des opérations de sécurité intérieure pour la quatrième région, responsable des opérations de sécurité dans la zone, a lancé des poursuites pénales pour diffamation et infractions dans le domaine informatique contre les trois défenseurs des droits humains, qui ont rédigé le rapport. En mars 2017, à l’issue d’un important travail de campagne effectué par Amnesty International et des organisations de défense des droits humains, de hauts gradés de l’armée ont déclaré qu’ils allaient abandonner les charges. Cependant, à ce moment-là, seules les accusations de diffamation pénale ont été abandonnées.

Depuis quelques années, les autorités thaïlandaises s’en prennent à de nombreux militants, défenseurs des droits humains, journalistes et autres membres de la société civile, dans le cadre d’une répression systématique contre les détracteurs du gouvernement.