Syrie. Craintes d’un lourd bilan parmi les civils à Alep alors qu’une offensive serait imminente

Les craintes pour la sécurité des civils dans l’est et l’ouest de la ville d’Alep se renforcent, car la menace se profile à l’horizon d’une reprise et d’une possible escalade des combats et des bombardements par les forces gouvernementales syriennes et leurs alliés russes, et par les groupes armés non étatiques, lorsque la pause humanitaire prendra fin dans la soirée du 4 novembre 2016, a déclaré Amnesty International.

D’après les informations parues dans les médias, une flotte de navires de guerre russes a navigué ces derniers jours jusqu’à Lattaquié, sur les côtes syriennes, signe que les forces syriennes et russes préparent un assaut final pour prendre le contrôle de la ville.

« Même en temps de guerre, il existe des règles fondamentales que toutes les parties sont tenues de respecter. Les civils ne doivent jamais être délibérément pris pour cibles. Et les forces armées ne doivent jamais bombarder sans discrimination des zones civiles. Or, les forces gouvernementales syriennes, avec l’appui des forces russes, ont systématiquement bafoué le droit international humanitaire dans l’est d’Alep et dans toute la Syrie, tuant illégalement des dizaines de milliers de civils. Quant aux groupes armés d’opposition, ils ont bombardé sans discrimination des zones civiles dans l’ouest d’Alep et ailleurs.

« L’ampleur de la dévastation dans l’est d’Alep ces derniers mois fait froid dans le dos. Étant donné les antécédents des forces qui combattent à Alep – particulièrement les forces gouvernementales – Amnesty International craint que le nombre de victimes civiles ne soit très élevé si les forces syriennes, appuyées par la Russie, intensifient les attaques en vue de reprendre le contrôle de la ville, a déclaré Samah Hadid, directrice adjointe des campagnes au bureau régional d’Amnesty International à Beyrouth.

L'ampleur de la dévastation dans l'est d'Alep ces derniers mois fait froid dans le dos.

Samah Hadid, directrice adjointe des campagnes au bureau régional d'Amnesty International à Beyrouth

« Lors de précédentes attaques recensées par Amnesty International dans l’est d’Alep, les forces gouvernementales syriennes soutenues par la Russie ont violé le droit international humanitaire : elles ont lancé des attaques illégales, blessé et tué des civils et n’ont pas pris les précautions nécessaires pour veiller à ce qu’ils soient protégés contre l’utilisation illégale d’armes telles que les bombes à sous-munitions. Dans l’ouest d’Alep, les civils sont également menacés par l’utilisation répétée et illégale d’armes explosives imprécises par les groupes armés, notamment des mortiers et des roquettes Katyusha. »

Les habitants des quartiers est d’Alep ont fait part à Amnesty International de leurs craintes quant à l’offensive imminente contre la ville. Um Mohamad a déclaré redouter que les trêves ne soient synonymes de l’imminence d’une offensive encore plus lourde : 

« Je sais que c’est une question de temps avant que l’enfer ne se déchaîne à nouveau. Lorsqu’ils annoncent une pause humanitaire, mon cœur s’arrête de battre parce que je sais ce qui nous attend : les frappes aériennes. »

Un autre habitant, Nizar, a déclaré à Amnesty International : « J’ai peur que cette offensive ne soit encore plus meurtrière que la précédente. Nous n’avons nulle part où partir ou nous cacher. Les bombes que la Russie et le régime nous envoient détruisent des bâtiments entiers, jusqu’au sous-sol. »

« La trêve humanitaire annoncée par la Russie ne saurait se substituer à un accès humanitaire sans entraves et impartial afin de garantir la protection des civils sur le long terme lorsque les frappes aériennes vont reprendre. Toutes les parties au conflit doivent autoriser les civils qui souhaitent quitter la ville à le faire sans restrictions. »