Les réparations versées à l’ONU par Israël négligent les droits des victimes de Gaza

Amnesty International a déploré le fait que l’Organisation des Nations unies ait accepté 10,5 millions de dollars américains (soit environ 7,7 millions d’euros) de la part d’Israël, en dédommagement pour les dégâts occasionnés à des bâtiments onusiens lors du conflit de Gaza l’an dernier, alors qu’elle n’a pas obtenu d’indemnisations pour les victimes de ces attaques. L’ONU a annoncé le 22 janvier que le gouvernement israélien avait versé ces réparations à la suite d’une enquête initiée par le secrétaire général Ban Ki-moon en février 2009, au sujet des offensives israéliennes ayant touché des locaux et personnels onusiens. L’ONU a affirmé qu’avec ce paiement, les questions financières en rapport avec les attaques examinées dans le cadre de l’enquête étaient désormais réglées. Toutefois, le rapport rendant compte de cette enquête avait spécifiquement recommandé que l’ONU cherche à obtenir réparation non seulement pour ses personnels et pour les civils tués ou blessés lors des opérations ayant touché ces locaux, mais également pour les victimes civiles d’autres attaques durant ce même conflit. « L’acceptation de cette somme pour les dégâts occasionnés aux bâtiments de l’ONU ne saurait être autre chose que la première étape du processus de réparation des dommages provoqués par le conflit », a déclaré Amnesty International dans une lettre à Ban Ki-moon, envoyée le 22 février 2010 par Claudio Cordone, le secrétaire général par intérim d’Amnesty International. « Les Nations unies ne peuvent rester sans réaction face à l’absence de réparations versées pour les centaines de femmes, d’hommes et d’enfants qui ont été tués et blessés ou aux milliers de personnes qui ont perdu des biens immobiliers lors du conflit de Gaza, en raison d’attaques menées en violation du droit international humanitaire. » Lors de l’opération Plomb durci, l’offensive de 22 jours lancée par Israël contre Gaza (du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009), quelque 1 400 Palestiniens, dont plus de 300 enfants, ont perdu la vie à la suite d’attaques israéliennes, tandis que des centaines d’autres ont été blessés et des milliers d’habitations détruites. Du côté israélien, le bilan s’élève à 13 morts, dont trois civils tués dans le sud d’Israël par des tirs aveugles de roquettes effectués par des groupes armés palestiniens. Au cours de ce conflit, un certain nombre de bâtiments et d’opérations de l’ONU ont été touchés par des frappes militaires ; cela concerne notamment des écoles, un centre médical, une antenne de terrain et un convoi. Lors de plusieurs de ces attaques, des membres du personnel de l’ONU et des civils palestiniens qui se trouvaient à l’intérieur ou à proximité des bâtiments ont été tués ou blessés. Le 12 février 2009, Ban Ki-moon a établi une commission d’enquête dotée d’un mandat limité afin de mener des investigations sur les frappes dont des personnels et des locaux de l’ONU ont été victimes. Le rapport complet de cette commission, qui n’a pas été rendu public, a été soumis le 21 avril à Ban Ki-moon, qui a par la suite diffusé un résumé des constats effectués. En tout, neuf événements distincts ont été examinés par la commission, dont : le cas de l’école primaire pour garçons de Jabalia, administrée par l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), atteinte de manière répétée, le 6 janvier 2009, par des tirs de mortier israéliens qui ont fait plus de 30 morts parmi les civils ; et le bombardement de l’école élémentaire de Beit Lahia, également gérée par l’UNRWA, le 17 janvier 2009, qui s’est soldé par la mort de deux enfants qui s’étaient réfugiés dans l’établissement. La commission a déterminé que l’armée israélienne a, à maintes reprises, porté atteinte à l’inviolabilité de l’ONU, n’a pas fait d’efforts suffisants pour protéger les personnels de l’ONU ou les civils et, dans certains des cas examinés, est responsable des dommages aux locaux de l’ONU, et des blessures et des morts causées par les attaques israéliennes. Concernant un épisode étudié par la commission, il a été établi que le Hamas ou une autre entité palestinienne était à blâmer pour les dégâts infligés à un entrepôt du Programme alimentaire mondial, près du point de passage de Karni, entre Israël et la bande de Gaza. Amnesty International a souligné dans sa lettre que « les Nations unies ne peuvent renoncer à l’application » du droit à réparation des victimes d’atteintes au droit international humanitaire et en matière de droits humains, en particulier au droit à des réparations complètes et effectives. L’organisation a engagé Ban Ki-moon à indiquer clairement au gouvernement israélien qu’il a l’obligation de veiller à ce que les victimes de violations commises par les forces israéliennes durant ce conflit bénéficient immédiatement d’un recours utile, et en particulier de réparations complètes et effectives. Amnesty International a ajouté que Ban Ki-moon devait exhorter le Hamas à « verser des réparations aux victimes des violations perpétrées par le bras armé du Hamas et par d’autres groupes armés palestiniens » au cours du conflit.