Changement climatique et santé – quel lien ?

Le changement climatique porte de plus en plus atteinte au droit à la vie et au droit à la santé. À tel point qu’il est désigné comme la plus grande menace sanitaire à laquelle le monde est confronté au XXIe siècle.

En quoi le changement climatique porte-t-il atteinte au droit à la santé ?

Les événements météorologiques extrêmes, notamment les vagues de chaleur, les inondations, les sécheresses, les incendies de forêt et les cyclones tropicaux, que le changement climatique imputable aux activités humaines rend beaucoup plus probables et plus graves, constituent une sérieuse menace pour le droit à la santé mentale et physique. Non seulement des personnes sont blessées ou tuées lors de ces événements, mais les établissements de santé publique peuvent se trouver endommagés voire détruits, et des maladies peuvent se propager parmi les personnes déplacées.

Du fait d’une augmentation de la chaleur extrême dans toutes les régions, davantage de personnes tombent malades ou meurent, les pathologies sont plus fréquentes et les flux migratoires s’accroissent.

Le nombre de décès imputables au changement climatique devrait être élevé, mais moins que le nombre de personnes qui se retrouveront en situation de handicap ou contracteront une pathologie. Selon les estimations du Forum économique mondial, le changement climatique entraînera 14,5 millions de décès dans le monde d’ici 2050.

En quoi les combustibles fossiles portent-ils atteinte au droit à la santé ?

En brûlant, les combustibles fossiles – charbon, pétrole et gaz – sont les principaux responsables du changement climatique. De plus, l’extraction, la transformation, le transport et la combustion de ces substances sont mauvais pour la santé des populations vivant à proximité.

La combustion est aussi l’une des causes premières de la pollution de l’air – à l’origine de nombreux problèmes de santé. La pollution de l’air provoque des pathologies cardiaques, des accidents vasculaires cérébraux, des cancers du poumon, de l’asthme et d’autres maladies chroniques. Selon une étude, plus de 5 millions de personnes meurent chaque année du fait de la pollution de l’air causée par l’utilisation de combustibles fossiles.

Pour ces raisons, Amnesty International a approuvé une proposition concernant un traité de non-prolifération des combustibles fossiles, dont l’objectif est d’accélérer la transition vers des énergies renouvelables.

Comment savons-nous que le changement climatique est à l’origine d’événements météorologiques extrêmes ?

Les scientifiques évaluent de plus en plus rapidement et précisément l’incidence du changement climatique sur un événement météorologique donné. Des réseaux de scientifiques comme World Weather Attribution et Climate Central réalisent des études d’attribution rapides pour cerner le rôle du changement climatique dans des inondations, sécheresses, ouragans, incendies de forêt et événements météorologiques extrêmes.

Par exemple, en avril et mai 2024, des pays de tout le continent asiatique, dont Israël, la Palestine, le Liban, la Syrie, le Myanmar, la Thaïlande, le Viêt-Nam et les Philippines, ont connu des températures bien supérieures à 40 °C pendant de nombreux jours, ce qui a accentué les risques sanitaires pour les personnes réfugiées vivant dans des camps et les personnes se trouvant dans des zones de conflit, dont 1,7 million de personnes déplacées à Gaza. World Weather Attribution a établi que le changement climatique rendait ces vagues de chaleur plus fréquentes et plus extrêmes.

Quelles sont les populations les plus touchées ?

Les effets du changement climatique sur le droit à la santé se font sentir partout, sur tous les continents. Cependant, les populations se situant en première ligne sont les plus durement touchées.

Un large éventail de facteurs socioéconomiques déterminent si une personne peut mener une vie saine. Ils englobent notamment l’accès à l’alimentation, au logement et à l’eau, l’accès aux soins de santé, le degré de marginalisation lié au racisme, à la xénophobie, à l’homophobie ou au sexisme, et le caractère sain ou non de l’environnement. Ainsi, les catégories de personnes énumérées ci-après sont parmi celles qui risquent le plus de voir le climat nuire à leur santé :

  • Personnes vivant dans la pauvreté
  • Femmes et filles
  • Peuples autochtones
  • Personnes victimes de discrimination raciale
  • Personnes sans abri
  • Personnes habitant des quartiers informels

Si les mesures prises pour lutter contre le changement climatique n’accordent pas la priorité aux personnes qui y sont les plus exposées, ce phénomène ne fera que creuser les inégalités à l’échelle mondiale et mettre encore plus en danger la santé de personnes déjà à risque dans ce domaine.

N’y a-t-il pas un lien avec la justice climatique ?

La plupart des États du monde ont adhéré à des instruments internationaux contraignants en matière de droits humains, en vertu desquels ils sont tenus de respecter, protéger et concrétiser ces droits, y compris le droit de jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible. Le changement climatique doit être vu comme une question d’injustice, de même que les autres atteintes aux droits humains que nous traitons.

L’ensemble du travail d’Amnesty International dans le domaine de la justice climatique vise à mettre en lumière les répercussions du changement climatique sur les droits humains et à proposer des mesures pour prévenir ces préjudices et y remédier. Cela consiste notamment à faire campagne pour la fin de l’utilisation des combustibles fossiles et en faveur d’un financement climatique accru de la part des pays qui portent la plus grande responsabilité dans le changement climatique, afin de promouvoir la justice climatique dans les pays les moins responsables.

Comment la question a-t-elle été traitée à Amnesty International ?

Amnesty International a déjà publié des études sur les préjudices sanitaires liés au climat dans de nombreux pays, notamment :

  • Le Pakistan – où les inondations de 2022 ont fait plus de 1 600 morts et 12 800 blessés et gravement endommagé le système de santé ;
  • La Libye – où la tempête Daniel a entraîné l’effondrement de deux barrages, tuant au moins 4 352 personnes en 2023 ;
  • L’Autriche – où Amnesty International a appelé à laisser les refuges d’urgence ouverts toute l’année pour atténuer les effets des vagues de chaleur sur les personnes sans abri ;
  • L’Espagne – où l’organisation a exprimé des inquiétudes quant aux graves risques que la chaleur extrême et la pollution comportent pour la santé de milliers de personnes pendant les mois d’été.

Les études d’Amnesty International ont aussi montré que des États n’avaient pas protégé les droits procéduraux des populations vivant à proximité de sites de production de combustibles fossiles, y compris les droits à l’information, à la participation publique, à la justice, à des recours effectifs et, dans le cas des peuples autochtones, le droit à un consentement préalable, libre et éclairé.

Citons les exemples de la lutte de la nation wet’suwet’en contre le gazoduc Coastal GazLink au Canada et les dommages infligés au peuple ogoni par les activités de Shell au Nigeria.

Que disent les autres organisations ?

Amnesty International n’est pas la seule organisation de défense des droits humains d’envergure mondiale à montrer comment le changement climatique nuit à la santé. Human Rights Watch, par exemple, a publié des études sur les préjudices sanitaires du changement climatique pour les Premières Nations du Canada, les personnes handicapées et les personnes âgées en Colombie britannique, les personnes enceintes de couleur à faible revenu aux États-Unis, et les personnes handicapées en Espagne.

D’autres organisations ont mené des recherches similaires, notamment sur les incidences sanitaires des vagues de chaleur, le danger des fumées issues d’incendies de forêt et les effets disproportionnés du changement climatique sur les personnes LGBTI.

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