Amnesty International vient de remettre à la Procureure générale du Guatemala, María Consuelo Porras, une pétition rassemblant 27 957 signatures recueillies dans le monde entier afin d’exiger la libération immédiate de Bernardo Caal Xol, déclaré prisonnier d’opinion par l’organisation il y a un an.
« L’emprisonnement de Bernardo Caal, qui se poursuit depuis plus de trois ans maintenant, envoie un message inquiétant aux peuples autochtones qui mènent la lutte en faveur des droits humains, de la justice et de la protection de notre planète », a déclaré Erika Guevara-Rosas, directrice d’Amnesty International pour les Amériques.
L’emprisonnement de Bernardo Caal, qui se poursuit depuis plus de trois ans maintenant, envoie un message inquiétant aux peuples autochtones qui mènent la lutte en faveur des droits humains, de la justice et de la protection de notre planète.
Erika Guevara-Rosas, directrice d’Amnesty International pour les Amériques
« Il est honteux que les autorités du Guatemala continuent d’intimider et de poursuivre les personnes qui consacrent leur vie à défendre la nature, alors même qu’un mouvement mondial en faveur de la protection de l’environnement est en train de gagner du terrain. Les autorités guatémaltèques ont le pouvoir de mettre fin à l’injustice dont Bernardo est victime et de changer la voie dans laquelle le pays est engagé. »
Bernardo Caal Xol, 49 ans, est injustement emprisonné depuis le 30 janvier 2018 pour avoir défendu les droits des Mayas q’eqchis touchés par les conséquences de la construction d’un barrage hydroélectrique sur le fleuve sacré Cahabón, dans le département d’Alta Verapaz (nord du Guatemala).
La pétition souligne les vives craintes d’Amnesty International vis-à-vis des difficultés majeures que doivent affronter les défenseur·e·s de la justice environnementale et climatique et des droits des peuples autochtones au Guatemala et dans le monde, et exige à ce titre que la Procureure générale du Guatemala enquête sur les personnes qui étaient chargées de l’affaire ayant abouti à l’arrestation inique de Bernardo Caal Xol.
La détention de cet homme est emblématique de la façon dont les défenseur·e·s des droits humains, en particulier les personnes autochtones et celles qui travaillent sur les problèmes liés aux territoires, au droit à la terre et à l’environnement, sont poursuivi·e·s en justice au Guatemala et en Amérique latine. Elle illustre aussi le racisme et la dépossession des territoires dont sont historiquement victimes les peuples autochtones au Guatemala.
Amnesty International demande la fin du recours à des poursuites judiciaires contre des fonctionnaires de justice et des défenseur·e·s des droits humains.
Lorsque l’organisation a déclaré Bernardo Caal Xol prisonnier d’opinion le 16 juillet 2020, elle a envoyé une lettre ouverte à la Procureure générale du Guatemala pour lui faire part de sa préoccupation concernant les irrégularités et les carences observées dans la procédure pénale qui l’a visé, y compris le manque de preuves objectives pour étayer les accusations portées contre lui. Ces manquements correspondent parfaitement au schéma récurrent déjà constaté par Amnesty International dans les affaires concernant des défenseur·e·s du droit à la terre et de l’environnement et qui consiste à considérer ces personnes comme des criminelles.
Dans une tentative de dernier recours pour obtenir justice et regagner sa liberté, Bernardo Caal Xol s’est pourvu en cassation près la Cour suprême du Guatemala en septembre 2020. La première audience publique, programmée devant la chambre pénale de la Cour suprême pour le 5 avril 2021, ne s’est pas tenue comme prévu parce que l’avocat de l’entreprise qui poursuit Bernardo Caal Xol avait déposé une requête en récusation contre les magistrats. La chambre pénale a rejeté la requête le 11 mai et a reprogrammé l’audience du pourvoi en cassation de Bernardo Caal Xol au 21 juin 2021, afin d’examiner le caractère inique de sa détention. La Cour n’a pas encore statué.
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