- Des enfants et des personnes demandeuses d’asile font probablement partie des personnes expulsées
- Des porte-parole sont disponibles
Des personnes, y compris des enfants, ont été soumises à des violences par les forces de sécurité et l’armée espagnoles, y compris en étant jetées à la mer, après que le Maroc a ouvert ses frontières, a déclaré Amnesty International le 19 mai.
L’organisation attire l’attention sur le fait que des personnes demandeuses d’asile ou migrantes sont utilisées comme des pions sur l’échiquier politique dans la partie qui se joue entre le Maroc et l’Espagne, après l’arrivée irrégulière à Ceuta de plus de 8 000 personnes – dont quelque 2 000 mineur·e·s non accompagnés – venant du Maroc, qui ont ensuite été soumises à des expulsions forcées.
« Nous ne pouvons pas accepter que des personnes, y compris des enfants, soient maltraitées par les forces espagnoles. Des agents des services frontaliers ont apporté une aide d’urgence à des personnes, mais les abus qui ont été commis sont intolérables. Les autorités espagnoles doivent ouvrir une enquête exhaustive et veiller à ce que l’obligation de rendre des comptes soit respectée, a déclaré Virginia Álvarez, responsable de la politique interne et chercheuse à Amnesty International Espagne.
Les dirigeant·e·s européens ont rapidement réagi en apportant leur soutien à l’Espagne et en déclarant que les frontières espagnoles font partie des frontières de l’Union européenne (UE). Si l’on suit cette logique, les abus commis par l’Espagne sont aussi des abus commis par l’UE. Nous demandons aux dirigeant·e·s de l’UE de ne pas fermer les yeux sur les abus qui ont lieu aux frontières de l’UE.
Virginia Álvarez, responsable de la politique interne et chercheuse à Amnesty International Espagne
Un grand nombre des personnes qui sont entrées sur le territoire espagnol étaient de très jeunes enfants. Les autorités doivent veiller à ce que l’intérêt supérieur de l’enfant soit respecté, quelles que soient les circonstances, et à ce qu’ils puissent demander une protection internationale.
Dans une vidéo, on voit des fonctionnaires marocains qui laissent activement passer des personnes migrantes ou demandeuses d’asile à Ceuta, de l’autre côté des clôtures.
« Le Maroc joue avec la vie des gens. Il ne doit pas utiliser les personnes, parmi lesquelles se trouvent ses propres citoyens, comme des pions sur l’échiquier politique, a déclaré Virginia Álvarez.
Le Maroc bafoue depuis longtemps les droits des personnes migrantes ou demandeuses d’asile à ses frontières. Par le passé, Amnesty International a rassemblé des informations sur des opérations illégales avec des arrestations et le déplacement vers le sud du Maroc, en dehors de toute procédure légale, de personnes migrantes ou demandeuses d’asile se trouvant dans des campements et des maisons près de la frontière espagnole.
Une publication sur Facebook du ministère marocain des droits de l’Homme indique que le contrôle sélectif aux frontières est intervenu en représailles aux soins médicaux reçus par un dirigeant du Polisario en Espagne, ce qui incite à penser que les autorités pourraient avoir utilisé les personnes migrantes ou demandeuses d’asile comme des pions dans le cadre de ce contentieux.
Renvois forcés illégaux
Près de 5 000 personnes jusqu’à présent auraient été expulsées collectivement vers le Maroc par les autorités espagnoles ces derniers jours. Les forces militaires espagnoles déployées à la frontière ont procédé à des expulsions collectives et forcées, sans que soient respectées les garanties nécessaires, et en conséquence, les personnes vulnérables n’ont pas pu être identifiées et elles n’ont pas pu obtenir d’informations adéquates ni recevoir une aide juridique ni demander l’asile.
« L’arrivée massive de personnes ne peut en aucun cas justifier des expulsions collectives illégales. Parmi les 5 000 personnes expulsées de façon sommaire se trouvaient peut-être des personnes admissibles à l’asile ou ayant besoin d’une protection. Le fait de refouler des personnes est illégal et constitue une négation de leur droit à un examen équitable et individualisé de leur demande d’asile », a déclaré Virginia Álvarez.