Le célèbre comédien tanzanien Idris Sultan doit comparaître devant le tribunal une deuxième fois le 9 juillet 2020, pour répondre des accusations de « non-enregistrement d’une carte SIM précédemment détenue par une autre personne » et « défaut de signalement de changement de propriétaire d’une carte SIM ». Il a été inculpé après avoir publié une vidéo sur les réseaux sociaux dans laquelle on le voit rire d’une vieille photo du président John Magufuli portant un costume trop grand.
Deprose Muchena, directeur régional pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe à Amnesty International, a indiqué :
C’est une honte que cet homme soit soumis à une persécution judiciaire uniquement pour avoir exercé son droit à a liberté d’expression. Rire n’est pas un crime.
Deprose Muchena, directeur régional pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe à Amnesty International
« Les charges retenues contre Idris Sultan sont motivées par des considérations politiques et elles doivent être abandonnées immédiatement. C’est une honte que cet homme soit soumis à une persécution judiciaire uniquement pour avoir exercé son droit à a liberté d’expression. Rire n’est pas un crime. Ériger l’humour en infraction est une nouvelle facette de la répression implacable visant la liberté d’expression en Tanzanie.
« Il est clair que les autorités n’ont pas d’éléments incriminant Idris Sultan et que leur but est de le harceler au motif que son humour les a choquées. Le tribunal doit rejeter les accusations forgées de toutes pièces dont il est la cible. »
Complément d’information
Idris Sultan a été présenté une première fois devant un magistrat à Kisutu, dans la capitale Dar es Salaam le 9 juin, mais l’audience n’a pas pu débuter car l’accusation n’avait pas préparé l’audience préliminaire, une pratique bien connue qui permet de maintenir en détention des journalistes, des blogueurs et des défenseur·e·s des droits humains pendant des mois, sans que leurs affaires ne progressent.
Idris Sultan a été arrêté le 19 mai après qu’une vidéo dans laquelle on le voit rire d’une ancienne photo du président John Magufuli est devenue virale sur les réseaux sociaux. Il a été libéré sous caution le 27 mai.
Ériger l’humour en infraction est une nouvelle facette de la répression implacable visant la liberté d’expression en Tanzanie.
Deprose Muchena, directeur régional pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe à Amnesty International
Le 27 mai, il a été inculpé d’infractions liées à sa carte SIM au titre de la Réglementation de 2020 liée à la Loi de 2010 sur les Communications électroniques et postales (enregistrement de la carte SIM) et de l’amendement ayant trait à cette même loi, et a été libéré après avoir versé au tribunal la somme de 15 millions de shillings tanzaniens (5 700 euros environ). Depuis l’entrée en fonctions du président John Magufuli en novembre 2015, les autorités tanzaniennes invoquent toute une série de lois répressives pour réduire au silence des dissidents réels ou présumés.