Mexique. L’assassinat d’un responsable rarámuri met en évidence le manque de protection des défenseurs des droits humains

L’assassinat de Julián Carrillo, défenseur indigène des droits humains du peuple rarámuri (tarahumara), dans l’État de Chihuahua jeudi 24 octobre, met une nouvelle fois en évidence le manque de protection et l’inefficacité des mesures de précaution fournies par les autorités mexicaines aux communautés indigènes de la Sierra Tarahumara, a déclaré Amnesty International vendredi 25 octobre.

« Nous constatons une nouvelle fois que, sans changements tenant compte des causes structurelles de la violence à l’égard des défenseurs des droits humains, fournir une escorte policière ou un téléphone ne suffit pas pour stopper la vague de violence à laquelle sont confrontées les personnes qui osent défendre leur territoire », a déclaré Erika Guevara-Rosas, directrice du programme Amériques d’Amnesty International.

Nous constatons une nouvelle fois que, sans changements tenant compte des causes structurelles de la violence à l’égard des défenseurs des droits humains, fournir une escorte policière ou un téléphone ne suffit pas pour stopper la vague de violence à laquelle sont confrontées les personnes qui osent défendre leur territoire.

Erika Guevara-Rosas, directrice du programme Amériques d’Amnesty International

Julián Carrillo, responsable de la communauté de Coloradas de La Virgen, a été tué par des assaillants non identifiés dans la soirée du 24 octobre. Son assassinat est le dernier en date d’une série d’homicides touchant sa famille, dont les précédentes victimes ont été son fils Víctor Carrillo (tué le 5 février 2016) ; l’un de ses neveux, Antonio Alberto Quiñones (le 31 mars 2017) ; un autre de ses neveux, Guadalupe Carrillo Polanco (le 30 juillet 2017) ; et son gendre, Francisco Chaparro Carrillo (le 1er juillet 2018).

« Le meurtre de Julián Carrillo ne doit pas rester impuni. Il est impératif que les autorités mexicaines identifient les auteurs de ce crime et ses instigateurs et les traduisent en justice devant un tribunal de droit commun, a déclaré Erika Guevara-Rosas.

« Les autorités nationales et locales doivent immédiatement mettre en place des mesures adaptées pour protéger la vie et l’intégrité physique des proches de Julián Carrillo et des autres membres de sa communauté, ainsi que pour défendre le droit de cette dernière sur son territoire à Coloradas de La Virgen. »

Le meurtre de Julián Carrillo ne doit pas rester impuni. Il est impératif que les autorités mexicaines identifient les auteurs de ce crime et ses instigateurs et les traduisent en justice devant un tribunal de droit commun.

Erika Guevara-Rosas

Depuis 2007, la communauté de Coloradas de La Virgen mène une bataille juridique devant le Tribunal unitaire agraire concernant l’exploitation des ressources naturelles sur ses terres ancestrales. L’action menée pour défendre leur territoire a valu d’innombrables menaces aux membres de la communauté et à l’organisation Alianza Sierra Madre AC (ASMAC), qui les aide dans ce processus de reconnaissance de leurs droits.

Étant donnée la gravité des menaces qui pesaient sur Julián Carrillo, celui-ci a bénéficié de mesures prévues par le mécanisme de protection des défenseurs des droits humains et des journalistes, mais les attaques contre lui et sa communauté n’ont pas cessé pour autant. En décembre 2016, sa maison a été incendiée, et à plusieurs reprises, des groupes lourdement armés ont harcelé la communauté et menacé ses membres. Plusieurs d’entre eux ont été contraints de quitter leurs terres à cause du niveau de violence.

L’assassinat de Julián Carrillo survient seulement quelques semaines après que des membres de la communauté ont signalé à différentes autorités dépendant du gouvernement l’existence d’une concession minière accordée à trois particuliers sur leur territoire. La communauté affirme que cette concession a été acceptée sans consultation préalable, libre et éclairée.

Selon le mécanisme de protection des défenseurs des droits humains et des journalistes, entre janvier et octobre 2018, 16 défenseurs des droits humains ont été tués au Mexique. Jeudi 24 octobre, Julián Carrillo est devenu le 17e.

« Il incombe à toutes les autorités de l’État d’instaurer les conditions nécessaires pour que les personnes qui défendent les droits humains ne soient pas contraintes d’abandonner leur travail face à cette escalade de la terreur », a déclaré Erika Guevara Rosas.

Julian tient une liste des membres de sa famille qui ont été assassinés au cours des dernières années.
Julian tient une liste des membres de sa famille qui ont été assassinés au cours des dernières années.