Les autorités d’Australie et de Papouasie-Nouvelle-Guinée doivent faire en sorte que la confrontation tendue avec les réfugiés sur l’île de Manus ne dégénère pas en violences imputables aux forces de sécurité, alors qu’elles prévoient de transférer des centaines de réfugiés du centre de détention vers des « centres de transit » sur l’île de Manus, a déclaré Amnesty International.
Les tensions sont de plus en plus vives sur l’île de Manus ces dernières semaines, des centaines de réfugiés et demandeurs d’asile qui vivent dans l’actuel centre de détention pour réfugiés ayant déclaré qu’ils allaient résister à tout transfert, parce qu’ils craignent pour leur sécurité s’ils sont déplacés vers de nouveaux sites sur l’île.
Le transfert imminent vers des centres de transit sur l’île de Manus ne doit pas servir d’excuse pour user de violence contre les réfugiés et demandeurs d’asile. Il est du devoir des autorités de garantir que les forces de sécurité de Papouasie-Nouvelle-Guinée, dont le passé est marqué par des atteintes aux droits humains, ne recourent pas à une force excessive.
Audrey Gaughran, directrice du programme Thématiques mondiales à Amnesty International
« Le transfert imminent vers des centres de transit sur l’île de Manus ne doit pas servir d’excuse pour user de violence contre les réfugiés et demandeurs d’asile. Il est du devoir des autorités de garantir que les forces de sécurité de Papouasie-Nouvelle-Guinée, dont le passé est marqué par des atteintes aux droits humains, ne recourent pas à une force excessive », a déclaré Audrey Gaughran, directrice du programme Thématiques mondiales à Amnesty International.
Le centre de détention de l’île de Manus, où les réfugiés et demandeurs d’asile souffrent depuis quatre ans de la politique cruelle et illégale de traitement hors de ses frontières mise en œuvre par l’Australie, fermera le 31 octobre.
Des représentants du gouvernement australien ont annoncé que l’eau et l’électricité seront coupées après le 31 octobre et refusent d’exclure de transférer de force ceux qui ne quitteront pas les lieux de leur plein gré.
La fermeture de ce centre de détention ne signifie pas la fin du calvaire pour les réfugiés s’ils sont transférés vers d’autres centres.
Plus de 600 personnes doivent être déplacées ces prochains jours vers des centres de transit, notamment celui de Lorengau-Est.
Fait préoccupant, les divers centres de transit sont bien trop petits pour accueillir autant de réfugiés ou ne sont pas encore terminés.
En outre, le centre de Lorengau se trouve à proximité de villages, ce qui pourrait favoriser des agressions contre les réfugiés. En effet, des habitants de l’île ont attaqué à plusieurs reprises – parfois en brandissant des machettes – des réfugiés et demandeurs d’asile sur l’île de Manus ces derniers mois, et en ont grièvement blessé certains. Les autorités de Papouasie-Nouvelle-Guinée et d’Australie n’ont pas pris les mesures nécessaires pour protéger les réfugiés contre ces violences.
« Comment croire que la fermeture du centre actuel est la solution, si les gens sont simplement transférés d’un endroit violent à un autre ? Les informations selon lesquelles les nouveaux centres ne sont pas terminés et les réfugiés y seront exposés à des risques de violences sont extrêmement préoccupantes. La sécurité et le bien-être des réfugiés doivent être la priorité, a déclaré Audrey Gaughran.
« Le fait que les réfugiés – que le gouvernement australien prend au piège d’un système s’apparentant à de la torture depuis des années – s’opposent à leur transfert parce qu’ils ont peur pour leur sécurité dans d’autres lieux sur l’île en dit long sur les risques auxquels ils pensent être exposés. »
La fermeture du centre de détention a été annoncée en 2016 à la suite d’une décision rendue par la Cour suprême de Papouasie-Nouvelle-Guinée, qui a statué que la détention des réfugiés et demandeurs d’asile par le gouvernement australien était illégale et anticonstitutionnelle.
Amnesty International a recensé une longue liste de violations graves des droits humains perpétrées sur l’île de Manus, notamment leur détention dans des sites surpeuplés, dans une chaleur étouffante, sans accès à des soins médicaux adaptés. Elle a demandé que le centre soit fermé et que les réfugiés et demandeurs d’asile soient mis en sécurité.
« Déplacer les réfugiés d’un endroit à l’autre ne sert qu’à masquer les failles d’un système abusif. Cela ne remédie en rien au problème de fond et peut même aggraver la situation. Les autorités australiennes doivent prendre la seule mesure humaine qui soit et transférer les réfugiés et demandeurs d’asile de l’île de Manus en Australie, pour les mettre en sécurité, a déclaré Audrey Gaughran.
« Le gouvernement australien doit assumer sa responsabilité en protégeant les droits humains de tous ceux qui se trouvent sous sa juridiction en tant que personnes cherchant asile, et cesser d’utiliser les centres de traitement extraterritoriaux. Tant que la même politique cruelle et inhumaine vis-à-vis des réfugiés sera appliquée, les mêmes violations perdureront. »