Nigeria. Des centaines de personnes risquent d’être expulsées alors que les bulldozers déboulent dans un quartier informel

Les autorités de l’État de Lagos doivent agir immédiatement afin de protéger les centaines de familles qui vivent dans un quartier informel à Badia East et doivent être expulsées vendredi 18 septembre 2015, a déclaré Amnesty International.

Les démolitions ont commencé dans l’après-midi du 18 septembre ; un peu plus tôt, des policiers sont venus dans le quartier demander aux habitants de quitter les lieux. Les bulldozers sont arrivés sur le site aux premières heures de la matinée. La veille, des avis de saisie avaient été peints à la hâte, en rouge, sur les logements. Les habitants n’ont été avertis de la démolition que la veille. À ce jour, aucun recours approprié ni solution de relogement n’est proposé et le responsable local n’a pas mené de véritable consultation avec les habitants touchés. 

« À Badia East, des centaines de personnes se sont réveillées ce matin avec devant leurs maisons, les effrayants bulldozers. Sans en avoir été dûment avisées, elles risquent d’être expulsées de force en raison d’une décision de justice qu’elles n’ont aucune chance de contester en appel, a déclaré Morayo Adebayo, chercheuse sur le Nigeria à Amnesty International.

À Badia East, des centaines de personnes se sont réveillées ce matin avec devant leurs maisons, les effrayants bulldozers. Sans en avoir été dûment avisées, elles risquent d’être expulsées de force en raison d’une décision de justice qu’elles n’ont aucune chance de contester en appel.

Morayo Adebayo, chercheuse sur le Nigeria à Amnesty International

« Le gouvernement de l’État de Lagos doit assumer ses responsabilités et veiller à ce que ces personnes soient protégées contre toute ingérence arbitraire et illégale dans leurs logements. »  

Cette menace d’expulsion fait suite à une décision de justice rendue en faveur du chef local Abdul Fatai Oyegbemi Aromire, qui cherche à récupérer les terrains à Badia East sur lesquels les maisons et bâtiments concernés sont construits. Bien que cette affaire soit allée en justice, les personnes touchées par la décision n’ont pas participé à la procédure, ce qui leur interdit de faire appel. En outre, elles n’ont absolument pas été consultées sur les projets de démolition et d’expulsion, alors que les autorités sont tenues de le faire au titre du droit international. 

En février 2013, le gouvernement de l’État de Lagos avait envoyé des bulldozers à Badia East, et démoli plus de 200 logements et structures, expulsant de force 9 000 personnes. Elles n’ont toujours pas reçu d’indemnisation adéquate ni bénéficié d’un recours effectif.

« La démolition de leurs logements et de leurs commerces va détruire leurs sources de revenus et les jeter à la rue, mais aussi constituer un manquement de l’État à ses obligations au titre du droit international, a déclaré Morayo Adebayo.

La démolition de leurs logements et de leurs commerces va détruire leurs sources de revenus et les jeter à la rue, mais aussi constituer un manquement de l’État à ses obligations au titre du droit international.

Morayo Adebayo

« Il s’agit d’une grave erreur judiciaire et le gouvernement de l’État de Lagos a clairement la responsabilité de protéger ces citoyens. »