Brésil. Revirement choquant sur le vote contre l’abaissement de l’âge de la responsabilité pénale

Le revirement au sujet d’une décision du Parlement brésilien, qui rejetait l’abaissement de l’âge à partir duquel les mineurs peuvent être jugés en tant qu’adultes et envoyés dans des prisons pour adultes, dans des conditions très dures, risque de mettre en péril la sécurité et la vie de millions de jeunes à travers le pays, a déclaré Amnesty International.

Dans la soirée du 1er juillet, le président de la Chambre des représentants, Eduardo Cunha, a sollicité un nouveau vote sur la proposition visant à abaisser l’âge minimum de la responsabilité pénale de 18 à 16 ans. Cette proposition avait déjà été rejetée par la Chambre basse du Parlement plus tôt dans la journée.

« Le Parlement brésilien s’engage sur un terrain glissant. Eduardo Cunha a malmené les procédures parlementaires en réintroduisant une proposition quasi identique moins de 24 heures après qu’elle a été rejetée. Cela établit un précédent très dangereux, a déclaré Atila Roque, directeur exécutif d’Amnesty International Brésil.

Le Parlement brésilien s'engage sur un terrain glissant. Eduardo Cunha a malmené les procédures parlementaires en réintroduisant une proposition quasi identique moins de 24 heures après qu’elle a été rejetée. Cela établit un précédent très dangereux.

Atila Roque, directeur exécutif d'Amnesty International Brésil

« En proposant de juger des milliers d’adolescents vulnérables comme des adultes, les autorités brésiliennes fragilisent les droits d’un groupe de la société déjà très marginalisé. Au lieu de chercher le moyen de juger des adolescents comme des adultes, le Congrès devrait s’attacher à faire respecter les droits des mineurs, notamment leurs droits à l’éducation et à la santé, et leur droit de vivre sans violence. »

Le système carcéral brésilien est l’un des plus dangereux de la planète, et se caractérise par des violences terribles et des atteintes aux droits humains. La proposition de loi bafoue toute une série de normes internationales qui prévoient des dispositions spéciales relatives au traitement des mineurs au sein du système judiciaire, notamment la séparation des mineurs et des adultes dans les prisons.

D’après le Service national de la sécurité publique, 0,9 % seulement des infractions au Brésil sont commises par des mineurs âgés de 16 à 18 ans. Parallèlement, les dernières données sur les homicides montrent que 10 adolescents âgés de 16 à 17 ans sont tués chaque jour.

En savoir plus : 

Brésil. Abaisser l’âge de la responsabilité pénale enverra des mineurs dans un système carcéral digne du Moyen Âge (article du 18 mai 2015)