Mexique. Six mois de frustration et d’échec dans les recherches concernant les étudiants disparus à Ayotzinapa

Il est navrant de constater que les autorités mexicaines n’ont pratiquement pas progressé dans leur enquête sur la disparition forcée de 43 étudiants de l’école normale de l’État de Guerrero, a déclaré Amnesty International jeudi 26 mars, six mois après cet événement tragique.

 « Les six derniers mois ont été une période marquée par le chagrin et le tourment pour les familles et les amis des étudiants qui ont disparu en septembre 2014. Malgré l’attention que ces  événements ont suscitée dans le monde entier, les autorités mexicaines n’ont pas dûment creusé toutes les pistes, notamment les allégations troublantes sur la complicité des forces armées. Elles ne doivent pas attendre un jour de plus, et doivent agir sans délai en vue de traduire les responsables présumés en justice, a déclaré Erika Guevara-Rosas, directrice du programme Amériques d’Amnesty International.

 « Six heures après la disparition des étudiants, nous étions inquiets pour leur sécurité. Durant six semaines, l’inquiétude a laissé place à la frustration et à la tristesse, face à l’absence de progression dans les recherches pour les retrouver. Aujourd’hui, six mois plus tard, nous sommes choqués par l’incapacité du gouvernement mexicain à faire éclater toute la vérité sur ce qui est arrivé à ces jeunes hommes et à poursuivre les responsables présumés en justice. »

 Les enquêtes sur les disparitions sont au point mort et n’ont pas donné de résultat concluant. Lorsque des restes humains ont été retrouvés dans une décharge et dans une rivière à Cocula en novembre, le procureur général alors en poste, Jesús Murillo Karam, a annoncé qu’il était sur le point de clore l’affaire. Cependant, les tests ADN effectués sur ces restes ont permis d’identifier un seul étudiant disparu ; on ignore toujours quel sort a été réservé aux autres et où ils se trouvent.

 Le 3 mars, le Mexique a nommé un nouveau procureur général fédéral, Arely Gómez González. Elle a qualifié ces disparitions de « cas isolé ». Pourtant, ces 43 étudiants sont les derniers sur une longue liste de personnes qui ont « disparu ». D’après les chiffres officiels, plus de 25 700 personnes ont disparu ou sont portées disparues au Mexique ces dernières années, et près de la moitié d’entre elles ont disparu sous le gouvernement actuel du président Peña Nieto.