Salil Shetty : les droits humains sont essentiels à la réalisation des OMD

Les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) ne seront réalisés que si les gouvernements s’attachent à faire respecter les droits des plus pauvres, a rappelé le secrétaire général d’Amnesty International aux dirigeants du monde réunis au siège des Nations unies mercredi 22 septembre 2010. Salil Shetty a exhorté les délégués réunis dans le cadre du sommet des OMD à New York à lutter contre la discrimination et l’exclusion, à rendre justice aux groupes les plus vulnérables et à donner à ceux qui vivent dans la pauvreté les moyens de faire valoir leurs droits. « Afin de veiller à ce que le processus de réalisation des OMD respecte les droits humains, tous les États membres doivent mettre en place des mécanismes d’obligation de rendre des comptes qui soient transparents et accessibles à tous, a indiqué Salil Shetty. « Tout le monde parle de ” responsabilisation “, mais ce que recouvre ce terme est loin d’être limpide. Alors soyons clairs : le système de protection des droits humains offre un outil essentiel de responsabilisation. Une véritable obligation de rendre des comptes suppose la possibilité pour les gens de faire valoir leurs droits et de bénéficier de recours utiles. » Plus de 140 chefs d’État font le point sur l’état d’avancement des OMD, qui visent à faire sortir de la pauvreté des dizaines de millions de personnes d’ici 2015. Cependant, les atteintes aux droits humains commises par les gouvernements ont jusqu’à présent fragilisé les projets et n’ont pas permis que les plus démunis bénéficient de cette initiative mondiale. À titre d’exemple, plus d’un milliard de personnes vivant dans des bidonvilles ne sont pas même prises en compte par les OMD, qui se fixent seulement pour ambition d’améliorer les conditions de vie de 100 millions d’habitants de taudis. En outre, nombre d’États procèdent à des expulsions forcées massives qui enfoncent davantage encore les habitants des bidonvilles dans le dénuement. « L’aide au développement ne doit pas avoir d’effet néfaste. L’aide destinée à améliorer les conditions de vie dans les bidonvilles ne saurait être utilisée aux fins de faciliter les expulsions. Pas plus que l’aide destinée à améliorer la santé maternelle ne saurait servir à ériger en infraction le recours à l’avortement », a expliqué Salil Shetty. On estime que 70 % des personnes vivant dans la pauvreté sont des femmes. Et pourtant, dans de nombreux pays, les tentatives de réalisation des OMD ne couvrent pas le problème de la discrimination dont souffrent si souvent les femmes dans l’accès à la nourriture, à l’eau, aux installations sanitaires et au logement. Les recherches menées par Amnesty International ont également révélé qu’il est difficile pour les groupes marginalisés et démunis d’avoir accès à la justice, en raison de l’absence de mécanismes qui obligent les États à rendre des comptes. « Les personnes vivant dans la pauvreté doivent disposer de moyens efficaces pour amener leurs gouvernements à rendre compte de leurs actes. Des instances telles que les Parlements, les institutions nationales vraiment indépendantes chargées des droits humains, les médiateurs et les organes de régulation doivent aussi jouer un rôle dans le suivi des initiatives visant à atteindre les OMD, afin de veiller à ce qu’elles soient en cohérence avec les droits humains », a affirmé Salil Shetty. Le secrétaire général d’Amnesty International a exhorté tous les gouvernements à prendre six mesures phares pour aller de l’avant, à savoir lutter contre la discrimination, fixer des cibles à l’échelon national pour concrétiser les droits, faire participer les gens qui vivent dans la pauvreté à la planification des OMD, intégrer les droits humains à la coopération internationale, aligner les efforts visant à atteindre les OMD sur les normes en matière de droits fondamentaux et mettre en œuvre l’obligation qu’ont les États de rendre des comptes. « La responsabilisation s’articule autour de deux axes. Le premier se rapporte à la possibilité pour les gens de faire valoir leurs droits : existe-t-il des outils et mécanismes permettant aux individus et aux groupes de demander aux États que leurs droits soient respectés ? « Le second a trait à l’application des lois… Les citoyens d’un État ont-ils réellement accès à la justice pour faire valoir leurs droits et bénéficier de recours utiles? » Amnesty International demande aux gouvernements du monde entier de veiller à intégrer les droits humains dans leurs initiatives visant à concrétiser les OMD.