Un Égyptien a été mis à mort alors que des doutes planaient sur sa condamnation pour meurtre

Un Égyptien, semble-t-il condamné à tort pour meurtre, a été pendu au Caire mercredi 10 mars 2010 au matin, a appris Amnesty International. Atef Rohyum Abd el al Rohyum a été exécuté à la prison d’Istinaf. Sa famille n’a été informée de son exécution que lorsqu’on lui a demandé de venir récupérer le corps.Sa coaccusée, Jihan Mohammed Ali, déclarée coupable dans le cadre de la même affaire, a été exécutée dans la ville de Guizeh le même jour. Ils avaient tous deux été inculpés du meurtre de l’époux de Jihan Mohammed Ali en janvier 2004.Amnesty International avait demandé que les sentences capitales prononcées à leur encontre soient commuées et qu’Atef Rohyum Abd el al Rohyum soit rejugé, après avoir eu connaissance de son transfert à la prison d’Istinaf, où se déroulent les exécutions.Atef Rohyum Abd el al Rohyum a été pendu, en dépit d’éléments de preuve donnant à penser qu’il n’était pas coupable. Sa famille n’avait pas été informée du rejet de l’appel qu’il avait interjeté auprès du ministère public en mai 2009, alors qu’elle avait formulé une demande officielle d’information à ce sujet le 9 mars.Jihan Mohammed Ali avait déclaré qu’elle avait agi seule et qu’Atef Rohyum Abd el al Rohyum n’avait fait que l’aider à déplacer le corps. Ce dernier a demandé que l’affaire soit rejugée sur la base de ce nouvel élément, mais les autorités n’ont pas donné suite à sa requête. Jihan Mohammed Ali avait aussi fait valoir qu’elle avait agi en état de légitime défense car son mari la battait. Elle avait été mariée à cet homme alors qu’elle était encore écolière.Au début de la procédure, après son arrestation, Atef Rohyum Abd el al Rohyum aurait été interrogé sans la présence d’un avocat et torturé et soumis à d’autres formes de mauvais traitements. Toutefois, les personnes qui ont affirmé avoir assisté à ces agissements n’ont pas été appelées à témoigner lors du procès. En 2009, le nombre de condamnations à mort prononcées par les tribunaux égyptiens a nettement augmenté : pas moins de 269 personnes se sont vu infliger la peine capitale. Selon les déclarations officielles, plus de 20 exécutions ont eu lieu dans ce pays en 2008 et quelque 26 condamnations à mort ont été déclarées définitives par les tribunaux, s’ajoutant à celles déjà confirmées. Les autorités ne divulguent jamais le nombre de personnes en instance d’exécution.En Égypte, les exécutions ne sont rendues publiques qu’après avoir eu lieu. Les condamnés ne sont pas informés de la date ni de l’heure de leur mise à mort. Dans la pratique, les familles des condamnés apprennent que leur proche a été exécuté lorsqu’on leur demande de venir récupérer le corps. Pourtant, les autorités égyptiennes prétendent que les proches des condamnés sont autorisés à leur rendre visite le jour de leur exécution.