Les autorités de Bahreïn doivent immédiatement abandonner les poursuites engagées contre Ali Husain al Hajee, militant des droits humains qui a été libéré en juin 2023 à l’issue d’une peine de 10 ans d’emprisonnement pour avoir organisé et participé à des manifestations pacifiques avant d’être de nouveau arrêté pour des motifs fallacieux cinq mois plus tard, a déclaré Amnesty International à l’approche de la première audience de son nouveau procès, prévue le 5 mai.
Après la libération d’Ali Husain al Hajee, les autorités lui ont imposé une interdiction de voyager tant qu’il n’aurait pas réglé des dettes accumulées avant son incarcération. Le gouvernement a refusé de lever cette interdiction même après qu’il a obtenu un document de procédure attestant qu’il s’était acquitté de toutes ses dettes. Il a été renvoyé de services en ministères pour tenter de faire annuler l’interdiction, en vain.
Malgré la libération de nombreuses personnes en avril dans le cadre des grâces accordées à l’occasion de l’Aïd, les nouvelles accusations dont Ali al Hajee fait l’objet prouvent que le gouvernement de Bahreïn maintient sa tolérance zéro à l’égard de tout ce qu’il perçoit comme de la dissidence
Amjad Yamin, Amnesty International
Ali Husain al Hajee a été réarrêté en novembre 2023 et fait maintenant l’objet d’un nouveau procès pour des accusations dénuées de fondement : on lui reproche d’être entré dans des « zones interdites » en raison de ses multiples visites au ministère de l’Intérieur pour obtenir la levée de son interdiction de voyager. Il a versé une caution pour sa libération et attend la première audience de ce nouveau procès.
« Ali Husain al Hajee a passé 10 ans en prison après avoir été condamné à l’issue d’un procès d’une iniquité flagrante pour son militantisme pacifique. Depuis sa libération, les autorités bahreïnites ont constamment refusé de lever son interdiction de voyager, préférant lui infliger un calvaire bureaucratique kafkaïen et un nouveau procès motivé par des considérations politiques. De toute évidence, les autorités considèrent que son silence et son obéissance à des restrictions arbitraires de ses droits étaient le prix à payer pour sa libération de prison, a déclaré Amjad Yamin, directeur régional adjoint pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International.
« Malgré la libération de nombreuses personnes en avril dans le cadre des grâces accordées à l’occasion de l’Aïd, les nouvelles accusations dont Ali al Hajee fait l’objet prouvent que le gouvernement de Bahreïn maintient sa tolérance zéro à l’égard de tout ce qu’il perçoit comme de la dissidence. Ali al Hajee est confronté à la menace d’être à nouveau emprisonné en raison d’une chose aussi simple que demander respectueusement mais avec persévérance au ministère de l’Intérieur de lever une interdiction de voyager.
« Les autorités doivent mettre fin à cette parodie de procès en abandonnant immédiatement les poursuites contre lui et lever son interdiction de voyager. La communauté internationale doit montrer à Bahreïn qu’elle surveille le sort réservé à Ali al Hajee et envoyer des représentant·e·s assister à son procès qui débute le 5 mai. »