Amnesty International demande la libération d’un défenseur des droits humains cubain détenu dans une prison de sécurité maximale

Amnesty International a adopté son 55e prisonnier d’opinion à Cuba et a exhorté le président Raúl Castro à le libérer immédiatement et sans condition. Darsi Ferrer, directeur du Centre de santé et des droits humains Juan Bruno Zayas, à La Havane, a été placé en détention en juillet 2009 sur la base de charges fabriquées de toutes pièces : il est inculpé de recel de biens obtenus de façon illégale, infraction donnant généralement lieu à une libération sous caution immédiate. Darsi Ferrer n’a pas été jugé et est détenu à La Havane, dans une prison de sécurité maximale destinée aux prisonniers condamnés pour crimes violents. « Les accusations portées contre Darsi Ferrer sont de toute évidence un prétexte. Amnesty International pense que cet homme a été privé de liberté à titre de sanction, en raison des activités qu’il mène pour défendre la liberté d’expression à Cuba », a déclaré Gerardo Ducos, chercheur d’Amnesty International chargé de Cuba. Alors que le dossier de Darsi Ferrer, compte tenu de la nature de l’infraction dont il est inculpé, devrait normalement être examiné par un magistrat local, c’est le bureau du procureur général qui a été saisi, ce qui accrédite la thèse selon laquelle l’affaire est motivée par des considérations politiques. Darsi Ferrer a déjà été arrêté à maintes reprises en raison de son militantisme. « Toute personne inculpée d’une telle infraction devrait normalement se trouver en liberté sous caution dans l’attente de son procès, et non être détenue dans une prison de sécurité maximale. Une fois de plus, les autorités cubaines tentent d’entraver l’action d’un défenseur des droits humains à Cuba », a déclaré Gerardo Ducos. Lundi 22 février, Orlando Zapata Tamayo, qu’Amnesty International avait adopté comme prisonnier d’opinion, est mort en prison. Selon les informations recueillies, il observait une grève de la faim depuis plusieurs semaines pour protester contre ses conditions de détention. Arrêté en mars 2003, il purgeait une peine cumulée de 36 années de réclusion. Darsi Ferrer et son épouse Yusnaimy ont été appréhendés sans mandat d’arrêt valide à La Havane le 9 juillet 2009, alors qu’ils s’apprêtaient à participer à une manifestation en faveur de la liberté d’expression qui devait avoir lieu quelques heures plus tard. Ils ont été interrogés pendant plusieurs heures ; menotté, Darsi Ferrer a été battu par huit policiers. Ils ont été libérés après plusieurs heures de garde à vue, sans avoir été inculpés. Le 21 juillet 2009, Darsi Ferrer a de nouveau été appréhendé. On lui a dit qu’on l’emmenait à un poste de police pour lui poser des questions sur des matériaux de construction saisis par la police à l’occasion de leur dernière arrestation. Cependant, il n’a pas été placé en garde à vue mais conduit dans une prison de sécurité maximale dans la banlieue de La Havane et inculpé de recel de biens obtenus de façon illégale. Darsi Ferrer affirme que les matériaux de construction incriminés, deux sacs de ciment et des poutrelles de fer, lui ont été donnés par un collègue qui a quitté le pays et qui n’avait pas fini de rénover sa maison. Les matériaux se trouvaient devant sa maison et étaient visibles de la rue depuis des mois lorsque les représentants des autorités sont venus les saisir.