Irak : les autorités doivent enquêter sur les allégations de torture du journaliste lanceur de chaussures

Les autorités irakiennes devraient immédiatement faire en sorte qu’une enquête indépendante soit menée sur les allégations de Muntadhar al Zaidi, libéré le 15 septembre à l’issue de neuf mois de détention, a déclaré Amnesty International ce mercredi 16 septembre. Le journaliste, âgé de trente ans, a déclaré avoir été torturé pendant sa détention par des responsables gouvernementaux, qu’il n’a pas nommés.

Le journaliste avait été condamné à une peine de trois ans d’emprisonnement, réduite par la suite à un an, pour avoir jeté ses chaussures sur l’ancien président des États-Unis George W. Bush lors d’une conférence de presse à Bagdad en 2008.

« Les autorités irakiennes se doivent d’enquêter rapidement et de manière exhaustive et indépendante sur toutes les allégations de torture et de mauvais traitements, dont celles formulées par Muntadhar al Zaidi après sa libération le 15 septembre, et d’engager des poursuites contre les responsables de ces violences », a déclaré Malcolm Smart, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

Muntadhar al Zaidi a allégué que les forces de sécurité irakiennes avaient commencé à le torturer immédiatement après son arrestation.

Il a déclaré avait été frappé avec des barres en métal, fouetté avec des cordes et soumis à des décharges électriques par des agents irakiens dans la cour d’un bâtiment situé dans la Zone verte utilisée par les forces américaines à Bagdad.

Ce correspondant de la chaîne de télévision al-Baghdadiya, basée au Caire, avait jeté ses chaussures sur le président Bush le 14 décembre 2008 lors d’une conférence de presse conjointe entre le dirigeant américain et le Premier ministre Nuri al Maliki, à Bagdad.

Muntadhar al Zaidi avait été condamné à trois d’emprisonnement pour avoir insulté en public un chef d’État étranger, peine qui avait été réduite à un an d’emprisonnement en appel. Il a été libéré, pour bonne conduite, trois mois avant d’avoir fini de purger sa peine.

Peu de temps après l’arrestation du journaliste, Amnesty International avait appelé les autorités iraquiennes à enquêter sur les allégations de membres de la famille Muntadhar al Zaidi, selon lesquels il avait été frappé en garde à vue ; elle leur avait demandé également d’assurer sa sécurité en détention. L’organisation n’avait pas reçu de réponse des autorités irakiennes.

Les actes de torture et les autres formes de mauvais traitements à l’encontre de détenus imputables aux forces de sécurité irakiennes sont monnaie courante. Au cours des dernières années, le gouvernement a annoncé plusieurs fois l’ouverture d’enquêtes sur des cas d’allégations de torture ayant eu un certain retentissement, mais les résultats de ces investigations ont rarement été rendus publics.