Des centaines de personnes arrêtées dans le cadre d’une chasse aux sorcières appuyée par le gouvernement en Gambie ont été libérées sans inculpation. Certains observateurs estiment que les pressions résultant du travail effectué par Amnesty International afin d’aider à rendre cette affaire publique expliquent ces libérations massives et la fin des persécutions.
Amnesty International avait révélé le mois dernier que près d’un millier de personnes avaient été kidnappées dans leurs villages en Gambie par des « guérisseurs », qui les avaient ensuite conduites dans des centres de détention secrets.
Une fois sur place, elles avaient été forcées à boire des potions hallucinogènes ; le liquide ainsi ingurgité a causé de graves troubles rénaux à nombre d’entre eux. On sait que deux personnes sont mortes des suites de troubles rénaux après avoir subi cette épreuve.
Il a également été signalé que des femmes qui, ayant bu la concoction, se trouvaient dans un état d’impuissance totale, avaient été violées par des « guérisseurs » et des membres des forces de sécurité. Certaines personnes auraient aussi été victimes de vol après avoir ingéré la potion.
« Amnesty International est soulagée qu’un terme ait finalement été mis à cette chasse aux sorcières. Ces violations des droits humains n’auraient jamais dû être autorisées ; il faut mener des enquêtes sur ces faits et traduire en justice les responsables présumés », a déclaré Tania Bernath, chercheuse sur la Gambie à Amnesty International.
Des témoins oculaires et des victimes ont dit à Amnesty International en mars que les « guérisseurs », originaires selon eux de la Guinée voisine, étaient accompagnés par des policiers, des militaires et des agents des services de renseignements. Ils étaient également accompagnés de membres de la garde personnelle du président gambien Yahya Jammeh.
Les « guérisseurs » ont été invités en Gambie au début de l’année, peu après la mort de la tante du président. Celui-ci serait persuadé que la sorcellerie est en cause dans son décès.
L’organisation a engagé le gouvernement gambien à mettre immédiatement un terme à cette campagne, à enquêter sur ces événements et à déférer les responsables présumés à la justice.