Des civils tués et déplacés lors d’affrontements au Darfour

Des milliers de civils ont fui la région de Sirba (Darfour occidental) et un nombre indéterminé de personnes ont été tuées pendant les opérations des forces armées du Soudan (FAS) visant à réinvestir la zone. Les militaires soudanais étaient accompagnés par des milices janjawids à cheval.

Selon les dernières informations, 12 000 personnes ont traversé la frontière pour se réfugier au Tchad et des milliers d’autres se sont déplacées au sud d’El Geneina. D’autres encore, en grands nombres, seraient toujours cachées dans la brousse. Il y aurait parmi elles des femmes et des enfants. Les personnes qui sont restées dans la zone risquent de subir les attaques des milices ou d’autres agressions.

On ignore encore combien de civils sont morts au cours de cette offensive. Toutefois, on rapporte qu’une centaine de personnes ont été tuées dans les trois principaux villages du secteur, Sirba, Abu Suruj et Sileah, attaqués le vendredi 8 février.

Des appareils militaires des FAS – deux MIG, deux Antonov et quatre hélicoptères, selon les sources – ont appuyé les frappes menées dans la zone, qui était occupée par le Mouvement pour la justice et l’égalité (MJE). Les attaques ont débuté à dix heures le vendredi et se sont poursuivies jusqu’à la tombée de la nuit. Les FAS occupent désormais le secteur.

Khalil Ibrahim, un dirigeant du MJE, a déclaré que les forces de l’Opération hybride Union africaine-ONU au Darfour (MINUAD) pouvaient pénétrer dans le secteur, mais qu’elles ne devaient pas y rester. Il avait également indiqué que, dans le cas contraire, ses combattants attaqueraient la MINUAD.

Par le biais d’un porte-parole, Amnesty International a exprimé son indignation devant de tels propos. « Le MJE doit revenir immédiatement et publiquement sur cette déclaration, et se garder d’attaquer les forces de la MINUAD, ou d’entraver son action », a déclaré Tawanda Hondora, directeur adjoint du Programme Afrique d’Amnesty International.

Amnesty International a également reçu des informations qui donneraient à penser que les FAS se dirigent vers le secteur du Djebel Moon, une place forte du MJE.

Un grand nombre de personnes déplacées qui fuyaient des attaques contre d’autres sites sont venues grossir la population civile de Sirba et d’Abu Suruj. Outre la population locale, quelque 130 000 personnes déplacées se trouvent désormais dans cette zone. Elles n’ont pu recevoir aucune aide alimentaire depuis décembre.

Amnesty International s’est entretenue par téléphone avec une personne de la région, qui a indiqué que « les personnes déplacées avaient désespérément besoin d’aide ». Lundi, le Programme alimentaire mondial (PAM) a envoyé une mission d’évaluation rapide à Sirba, dans l’espoir de pouvoir distribuer dans les prochains jours une aide alimentaire à ceux qui la nécessitent.

La population civile locale accuse non seulement les FAS et les Janjawids, qui ne font aucune distinction entre les cibles militaires et civiles, mais également le MJE, qui a occupé la zone afin de menacer El Geneina, la capitale du Darfour occidental. Le MJE s’est ensuite servi de ce secteur pour entrer au Tchad, dans le but de soutenir le gouvernement tchadien.

« Le gouvernement soudanais et les groupes armés tchadiens qu’il soutient, tout comme le gouvernement tchadien et le MJE, méprisent systématiquement la vie, le bien-être et la sécurité des civils », a déclaré Tawanda Hondora.

Cette attaque a valeur de test pour la MINUAD, qui a pris le relais de la Mission de l’Union africaine au Soudan (MUAS) le 31 décembre 2007, et qui a pour mission de protéger les civils au Darfour. Lundi, des effectifs de la MINUAD se sont rendus sur les lieux pour enquêter sur les homicides et les déplacements forcés en masse.