Jordanie: «Vos aveux sont prêts à être signés»

“Ils ont écrasé leurs cigarettes sur ma main, m’ont frappé sur le corps à coups de bâton […] puis m’ont asséné des coups sur les pieds sans arrêt pendant trois heures […] Je lui ai dit que j’étais prêt à raconter tout ce qu’il voulait, alors ils m’ont ramené dans le bureau des interrogatoires en me transportant sur un brancard car j’étais incapable de marcher.” – Usama Abu Hazeem

En Jordanie, des personnes soupçonnées de représenter un danger sur les plans politique ou de la sécurité sont placées en détention et torturées. Le service de sécurité militaire jordanien, le Département des renseignements généraux (DRG), utilise des méthodes de torture telles que la falaqa (coups assenés sur la plante des pieds) et le shabeh (le «fantôme»: le détenu est suspendu par les poignets pendant plusieurs heures avant d’être passé à tabac). Les «aveux» ainsi arrachés sont régulièrement utilisés à titre de preuve devant une cour de sécurité spéciale qui n’a jusqu’à présent examiné aucune des 100 allégations de torture qui lui ont été soumises au cours des dix dernières années. Des suspects ont ainsi été exécutés après avoir été condamnés sur la base d’«aveux» extorqués sous la torture. Il n’est donc guère surprenant que la Jordanie semble être devenue un rouage central du réseau mondial de centres de détention secrets mis en place en coordination avec des services de renseignements étrangers dans le cadre de la «guerre contre le terrorisme». Au moins dix des personnes qui ont été soumises à la torture ou à d’autres formes de mauvais traitements ont apparemment été victimes du programme de «restitutions» mené par les États-Unis. Le Royaume-Uni a conclu avec les autorités jordaniennes un «protocole d’accord» contenant des «assurances diplomatiques» censées garantir que certains ressortissants jordaniens renvoyés de force par le Royaume-Uni ne seront pas torturés en Jordanie. Étant donné que les autorités jordaniennes sont complices de tortures, il est difficile d’accorder foi à un tel accord. Le gouvernement jordanien a certes la responsabilité de protéger la sécurité publique et de déférer à la justice tout auteur d’une attaque contre des civils, mais il est tenu de le faire sans recourir à la torture et aux mauvais traitements.