La priorité doit être accordée à la protection des civil·e·s pris au piège dans le conflit qui s’intensifie entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan au sujet de la région du Haut-Karabakh, a déclaré Amnesty International le 5 octobre 2020, après avoir corroboré l’utilisation dans la région de bombes à sous-munitions pourtant interdites.
Au cours du week-end, des images attestant de l’utilisation de bombes à sous-munitions dans la ville de Stepanakert/Khankendi, capitale du Haut-Karabakh, ont été diffusées par les autorités de facto de la région. Elles ont également signalé un nombre non déterminé de victimes civiles après les nouveaux bombardements contre Stepanakert/Khankendi et la ville de Chouchi.
Les experts en matière de réaction aux crises d’Amnesty International ont pu retracer le lieu où ont été prises ces images, dans un quartier résidentiel de Stepanakert/Khankendi, et ont identifié des bombes à sous-munitions M095 DPICM, fabriquées en Israël, qui auraient été tirées par les forces azerbaïdjanaises.
Alors que les combats montent encore d’un cran, la population civile ne doit pas être délibérément ciblée ni imprudemment mise en péril, elle doit être protégée.
Denis Krivosheev, directeur adjoint de l’équipe Europe de l’Est et Asie centrale d’Amnesty International
« L’utilisation de bombes à sous-munitions est interdite en toutes circonstances par le droit international humanitaire, et leur usage contre des zones civiles est particulièrement dangereux et ne pourra que causer de nouvelles victimes, a déclaré Denis Krivosheev, directeur adjoint de l’équipe Europe de l’Est et Asie centrale d’Amnesty International.
« Les bombes à sous-munitions sont des armes non discriminantes par nature et leur déploiement dans des quartiers d’habitation est totalement déplacé et inacceptable. Alors que les combats montent encore d’un cran, la population civile ne doit pas être délibérément ciblée ni imprudemment mise en péril, elle doit être protégée. »
Amnesty International demande à toutes les parties au conflit de respecter pleinement le droit international humanitaire et de protéger la population civile contre les répercussions des hostilités.
Complément d’information
Le 27 septembre, des affrontements violents ont éclaté, opposant l’Azerbaïdjan à l’Arménie et aux forces soutenues par l’Arménie dans la région séparatiste du Haut-Karabakh, en Azerbaïdjan. Ces derniers jours, les deux camps impliqués dans le conflit ont échangé tirs d’artillerie et d’obus.
L’Azerbaïdjan a signalé que les forces arméniennes ont attaqué des quartiers civils dans la deuxième plus grande ville du pays, Ganja, et dans d’autres localités. Si les experts d’Amnesty International ont vérifié que des systèmes d’artillerie Smerch de 300 mm semblent bien avoir été utilisés par les forces arméniennes, les preuves photos et vidéos émanant du côté azerbaïdjanais ne permettent pas encore une analyse concluante de leurs cibles précises, ni d’affirmer que les ogives contenaient des armes à sous-munitions.
Bombes à sous-munitions
Les bombes à sous-munitions sont des armes qui, par nature, frappent sans discrimination et infligent des souffrances à la population civile pendant des années après leur utilisation. Aussi font-elles l’objet d’une interdiction internationale aux termes d’un traité soutenu par plus de 100 États. Amnesty International engage l’Arménie comme l’Azerbaïdjan à adhérer à la Convention sur les armes à sous-munitions.
Ces armes éparpillent des centaines de mini-bombes, ou sous-munitions, sur un large secteur. On estime qu’entre 5 et 20 % de ces mini-bombes n’explosent pas. Elles restent alors sur place, représentant une menace pour les civils, à l’instar des mines terrestres antipersonnel.
L’utilisation de ces bombes viole l’interdiction des attaques sans discrimination, étant donné l’étendue importante couverte par les nombreuses petites bombes éparpillées et le danger qui en résulte pour tous ceux qui entrent en contact avec les munitions non explosées.