Au Venezuela, la politique de répression visant à réduire les voix dissidentes au silence et à exercer un contrôle social est plus que jamais d’actualité et constitue un danger constant et manifeste pour l’espace civique dans le pays, a déclaré Amnesty International en réponse aux offensives menées par de hauts responsables du gouvernement et du pouvoir judiciaire contre le processus électoral de la primaire de l’opposition qui s’est tenue le 22 octobre 2023.
« Les récentes mesures annoncées contre la Commission nationale des primaires, ses représentant·e·s et les résultats du scrutin sont un nouvel exemple du caractère répressif de la politique du gouvernement vénézuélien, qui cherche à entraver le libre exercice du droit de participer aux affaires publiques tel que garanti par les traités internationaux relatifs aux droits humains. Cela fait maintenant des années que le pouvoir en place s’emploie à étouffer l’espace civique à travers la stigmatisation, le harcèlement et la criminalisation des membres de la société civile et des personnes jugées critiques à l’égard du gouvernement. Les mesures prises par le ministère public, qui concordent avec les déclarations des autorités de l’État, suscitent l’inquiétude quant à d’éventuelles détentions arbitraires, déjà largement signalées. Cette politique de répression n’a rien de nouveau et la communauté internationale ne doit pas renoncer à défendre les droits humains au Venezuela », a déclaré Ana Piquer, directrice pour les Amériques à Amnesty International.
« Rappelons également que le Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale et la Mission internationale indépendante d’établissement des faits sur la République bolivarienne du Venezuela des Nations unies ont tous deux conclu qu’il y avait des raisons de croire que le gouvernement de Nicolás Maduro avait commis des crimes contre l’humanité. Plus que jamais, la surveillance internationale et les mécanismes de justice internationale ont un rôle crucial à jouer pour éviter une nouvelle escalade de crimes de droit international et d’autres graves violations des droits humains au Venezuela, en particulier dans le cadre de la période électorale qui s’amorce. »
Cela fait maintenant des années que le pouvoir en place s’emploie à étouffer l’espace civique à travers la stigmatisation, le harcèlement et la criminalisation des membres de la société civile et des personnes jugées critiques à l’égard du gouvernement
Ana Piquer, directrice pour les Amériques à Amnesty International
Le 12 septembre 2023, Amnesty International a présenté un rapport au Comité des droits de l’homme des Nations unies dans lequel elle observe que « les organisations de défense des droits humains au Venezuela ont averti que les périodes préélectorales et électorales ont été directement liées à des pics de répression des droits à la liberté d’expression, d’association et de manifestation pacifique, notamment au moyen du mécanisme de déchéance de droits civiques dans le but d’empêcher les personnes que les autorités considèrent comme des opposant·e·s politiques de se présenter à des élections ».
Dans ce même rapport, Amnesty International demande à l’État vénézuélien de (1) supprimer tous les obstacles juridiques et de facto empêchant de garantir la participation politique effective de toutes les personnes sans discrimination, y compris fondée sur l’opinion politique ; (2) s’abstenir de recourir à la déchéance de droits civiques de manière discriminatoire contre les candidat·e·s à des mandats de la fonction publique ; et (3) cesser d’utiliser des mécanismes de persécution et/ou de criminalisation contre les personnes considérées comme des opposants·e·s politiques qui souhaitent participer à la vie publique du pays. Les déclarations et mesures annoncées depuis le 22 octobre contreviennent de manière flagrante à toutes ces recommandations, qu’Amnesty International réitère.