Réagissant à l’appel lancé jeudi 3 août par les président·e·s de cinq pays d’Europe du Sud – l’Italie, la Grèce, le Portugal, Malte et la Slovénie – demandant que des mesures soient prises pour lutter contre la crise climatique après les vagues de chaleur torride, les incendies de forêt et les inondations ayant récemment touché la région, Marta Schaaf, directrice du programme Climat, justice économique et sociale et responsabilité des entreprises à Amnesty International, a déclaré :
« Les président·e·s de ces pays ont raison de souligner qu’il est urgent de s’attaquer à l’aggravation de la crise climatique après le mois de juillet le plus chaud jamais enregistré. La crise climatique est une crise des droits humains, qui porte atteinte aux droits à la vie, à la santé, à l’alimentation, au logement, à un travail décent et à un environnement sain, entre autres.
« Il faut cependant que les dirigeant·e·s mondiaux cessent d’employer des formules passives. Ils doivent arrêter de proclamer que “des mesures doivent être prises”, et agir eux-mêmes. Ils doivent rendre explicite leur soutien à l’abandon rapide des combustibles fossiles et appuyer ce message avant la COP28, la réunion cruciale sur le climat qui se tiendra à Dubaï en fin d’année.
« Résoudre la crise climatique ne dépendra pas de solutions techniques lointaines d’une valeur très limitée, telles que le captage, le stockage et l’élimination du carbone, promues par le lobby des combustibles fossiles, qui pourraient permettre à l’industrie de continuer à exploiter les ressources fossiles de manière presque incontrôlée.
« Pour véritablement s’attaquer aux dommages que l’industrie fossile inflige aux populations du monde entier et aux écosystèmes dont elles dépendent, il est nécessaire d’éliminer rapidement les combustibles fossiles et de décréter un moratoire sur le développement de nouvelles ressources en combustibles fossiles. Il n’est pas encore trop tard pour agir, mais le coût humain de l’inaction augmente rapidement. »
Ils doivent rendre explicite leur soutien à l’abandon rapide des combustibles fossiles et appuyer ce message avant la COP28, la réunion cruciale sur le climat qui se tiendra à Dubaï en fin d’année
Marta Schaaf, directrice du programme Climat, justice économique et sociale et responsabilité des entreprises à Amnesty International
« Les dégâts déjà subis doivent être réparés, notamment avec la mise en place et la dotation en ressources d’un fonds pour les pertes et préjudices d’ici la fin de l’année. Les États riches doivent aussi augmenter de manière substantielle leurs contributions à l’adaptation climatique dans les pays à faible revenu. Un grand nombre de ces derniers paient déjà un lourd tribut à une crise climatique à laquelle ils ont fort peu contribué.
« La région méditerranéenne risque d’être l’une des zones les plus touchées par le réchauffement de la planète si aucune mesure n’est prise. Selon les Nations unies, elle se réchauffe 20 % plus vite que la moyenne mondiale. Plus de 500 millions de personnes y vivent. »
« Les conditions climatiques extrêmes que ces cinq pays, qui sont tous des destinations de vacances très populaires en Europe, ont subies ces dernières semaines les ont placés sous les feux de l’actualité. La région au sens plus large, en particulier certaines parties du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, a également connu des températures caniculaires et est moins en mesure de faire face. Plus de 30 personnes ont trouvé la mort dans de récents incendies de forêt en Algérie.
« Cela s’inscrit dans un contexte mondial récent d’extrêmes sur le plan climatique, notamment des températures et des précipitations record dans plusieurs régions de Chine, une vague de chaleur prolongée dans le sud-ouest des États-Unis et des températures hivernales anormalement élevées dans certaines zones de l’hémisphère sud. »