En réaction aux mesures annoncées par les gouvernements britannique et canadien pour faire barrage à l’approvisionnement de l’armée du Myanmar en carburant d’aviation, Montse Ferrer, chercheuse sur la responsabilité des entreprises en matière de droits humains à Amnesty International, a déclaré :
« Les initiatives prises en vue de stopper l’approvisionnement en carburant d’aviation de l’armée du Myanmar, annoncées aujourd’hui par les gouvernements britannique et canadien, sont une avancée importante pour mettre fin à la contribution des entreprises aux crimes de guerre commis par l’armée.
« Jusqu’à présent, l’inaction des gouvernements a permis à l’armée du Myanmar de se servir du carburant d’aviation importé pour mener des frappes aériennes qui ont dévasté des familles et terrorisé la population civile.
« Si les entreprises ciblées par le Royaume-Uni sont des acteurs clés de l’industrie du carburant d’aviation au Myanmar, il faut agir sur l’ensemble du secteur afin de faire barrage au flux de ce carburant.
« D’autres États devraient suivre le Canada et suspendre l’approvisionnement, la vente ou le transfert directs et indirects, y compris le transit, le transbordement et le courtage, de carburant d’aviation vers le Myanmar – et ce jusqu’à ce que des mécanismes efficaces soient mis en place pour garantir que ce carburant ne soit pas utilisé pour mener des frappes aériennes qui constituent des violations graves du droit international humanitaire et relatif aux droits humains. »
Complément d’information
À la veille du deuxième anniversaire du coup d’État du 1er février 2021, plusieurs pays ont imposé d’autres sanctions au Myanmar, centrées cette fois-ci sur l’industrie du carburant d’aviation qui permet à l’armée de l’air d’effectuer des frappes aériennes se traduisant par des crimes de guerre, des déplacements de villages entiers, des morts et des blessés parmi les hommes, les femmes et les enfants, et la destruction d’infrastructures civiles.
Le gouvernement du Canada a décidé le 31 janvier d’interdire d’exporter, de vendre, de fournir ou d’expédier du carburant d’aviation au régime militaire du Myanmar.
En outre, le Royaume-Uni a annoncé des sanctions au niveau de l’industrie du carburant d’aviation, ciblant deux entreprises du Myanmar et deux personnes qu’Amnesty International avait déjà identifiées dans son rapport intitulé Deadly Cargo: Exposing the supply chain that fuels war crimes in Myanmar comme jouant un rôle essentiel dans l’import, la gestion et le transport de ce carburant à destination de l’armée de l’air du Myanmar.
Depuis le coup d’État du 1er février 2021, Amnesty International a recensé des violations des droits humains généralisées, notamment des crimes de guerre et de possibles crimes contre l’humanité, dans le cadre de la répression militaire contre l’opposition à travers le pays.
En novembre 2022, Amnesty International a lancé une campagne appelant à suspendre les livraisons de carburant d’aviation afin d’empêcher l’armée du Myanmar de mener des frappes aériennes illégales. Son enquête a également permis d’identifier des entreprises impliquées dans la chaîne d’approvisionnement.