Les autorités angolaises resserrent leur étau sur les droits à la liberté de réunion pacifique et d’association en empêchant des rencontres de la société civile d’avoir lieu en amont des élections générales prévues au mois d’août, a déclaré Amnesty International le 24 mai 2022.
Les mesures de harcèlement et d’intimidation visant les militant·e·s et la répression des organisations de la société civile, pour le simple exercice de leurs droits et l’organisation d’une conférence, marquent une évolution inquiétante de la situation des droits humains en Angola
Deprose Muchena, directeur du programme Afrique de l’Est et Afrique australe à Amnesty International
Le 21 mai, la police angolaise a empêché deux ONG – Omunga et Associação para Desenvolvimento da Cultura e Direitos Humanos (ADCDH) – de tenir une conférence sur la construction de la paix. Les policiers ont bloqué l’entrée de l’hôtel Maiombe à Cabinda afin d’empêcher les participant·e·s d’entrer, affirmant obéir aux ordres de leurs supérieurs.
« Les mesures de harcèlement et d’intimidation visant les militant·e·s et la répression des organisations de la société civile, pour le simple exercice de leurs droits et l’organisation d’une conférence, marquent une évolution inquiétante de la situation des droits humains en Angola, surtout à l’approche des élections du mois d’août, a déclaré Deprose Muchena, directeur du programme Afrique de l’Est et Afrique australe à Amnesty International.
En empêchant la tenue de cette conférence, les autorités affichent leur intolérance croissante vis-à-vis de la dissidence
Deprose Muchena
« En harcelant et en intimidant les militant·e·s et en empêchant la tenue de cette conférence, les autorités affichent leur intolérance croissante vis-à-vis de la dissidence. Elles doivent cesser de réprimer les organisations indépendantes de la société civile, et permettre de débattre et d’exprimer des opinions critiques sur des sujets comme l’économie et les droits humains.
« La censure de cette conférence de la société civile rappelle les précédentes années électorales, lorsque les droits humains étaient sous le feu des attaques. Les autorités angolaises doivent cesser de s’en prendre aux militant·e·s et aux organisations de la société civile et s’efforcer de respecter, de protéger et de promouvoir leurs droits, mais aussi offrir un environnement propice à leur action. »
Parmi les intervenant·e·s invités à cette conférence, citons l’économiste Belchor Tati, l’avocat spécialisé dans les droits humains Arao Tempo, le père Celestino Epalanga de l’Église catholique et le révérend Daniel Ntongi-Nzinga, militant de la paix et pasteur de l’Église baptiste.
La censure de cette conférence de la société civile rappelle les précédentes années électorales, lorsque les droits humains étaient sous le feu des attaques. Les autorités angolaises doivent cesser de s’en prendre aux militant·e·s et aux organisations de la société civile et s’efforcer de respecter, de protéger et de promouvoir leurs droits, mais aussi offrir un environnement propice à leur action
Deprose Muchena
Cette conférence n’était pas organisée dans un lieu public. Il s’agissait d’un événement privé, organisé dans un lieu privé. En interdisant aux participant·e·s d’entrer, les autorités ont violé le droit à la liberté de réunion pacifique, inscrit dans la Constitution angolaise et la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, à laquelle l’Angola est partie. Elles doivent mettre un terme à la répression et au harcèlement visant la société civile indépendante en Angola.
Complément d’information
Cabinda, la province angolaise la plus militarisée, restreint fortement l’espace civique. Elle est enlisée dans un conflit armé opposant les forces de sécurité gouvernementales au groupe rebelle du Front de libération de l’État de Cabinda (FLEC).
Les restrictions imposées au travail des organisations de la société civile et à l’espace civique se multiplient en Angola depuis quelques mois. Le 9 avril, la police a arrêté de manière arbitraire 26 jeunes qui planifiaient une marche pour réclamer la libération des prisonniers politiques. Ils ont été accusés d’avoir désobéi aux policiers et de les avoir insultés.
Ces 26 jeunes ont finalement été relâchés, mais les deux organisateurs ont été déclarés coupables et condamnés à des amendes.