Singapour. Il faut annuler l’exécution imminente de deux Malaisiens

En réaction aux informations selon lesquelles les autorités de Singapour ont fixé les dates d’exécution de Nagaenthran Dharmalingam et d’un deuxième ressortissant malaisien la semaine prochaine, Erwin van der Borght, directeur régional pour l’Asie-Pacifique à Amnesty International, a déclaré :

« L’exécution prévue de deux Malaisiens à Singapour la semaine prochaine, tous deux reconnus coupables d’infractions liées à la législation sur les stupéfiants, est inadmissible. Toutefois, les autorités peuvent encore accorder la grâce aux deux hommes et mettre fin à la série honteuse d’exécutions illégales à Singapour, dans le sillage de la pendaison d’Abdul Kahar bin Othman le mois dernier.

« Nagaenthran Dharmalingam est sur le point d’être pendu bien que plusieurs experts aient conclu qu’il souffrait d’une déficience intellectuelle ayant pu avoir une incidence sur son droit à un procès équitable. Son état de santé mentale inquiète également, car ses fonctions cognitives semblent avoir été gravement altérées par ses années de détention.

« Le Premier ministre de Singapour Lee Hsien Loong et ses ministres doivent saisir cette dernière chance d’épargner la vie de Nagaenthran Dharmalingam. Le gouvernement doit également annuler l’exécution d’un autre homme qui doit être pendu deux jours plus tard, alors qu’une action judiciaire est encore en instance devant le tribunal et qu’une audience est prévue en mai.

« Nous exhortons les autorités à instaurer un moratoire officiel sur toutes les exécutions et à réviser le champ d’application de la peine de mort pour les infractions liées à la drogue, première étape vers son abolition totale. La peine de mort ne résoudra pas les problèmes liés à la drogue à Singapour. »

Complément d’information

L’exécution du ressortissant malaisien Nagaenthran Dharmalingam a été fixée au 27 avril. Son deuxième recours en grâce a été rejeté le 31 mars, décision qui a été communiquée par lettre à sa famille. Le 29 mars, un tribunal de Singapour avait confirmé sa condamnation à mort, lors même que des experts médicaux avaient conclu qu’il souffrait d’une déficience intellectuelle.

Ce recours était l’une de ses dernières chances d’échapper à la potence. Dans sa décision, le tribunal a rejeté les arguments concernant le déclin de son état mental, ainsi que les contestations s’appuyant sur ses capacités intellectuelles.

En outre, les normes internationales et le droit international relatif aux droits humains interdisent de prononcer la peine de mort pour des infractions liées à la législation sur les stupéfiants et interdisent de la prononcer à titre de sentence obligatoire pour n’importe quelle infraction.

La Convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées interdit d’appliquer la peine de mort à des personnes souffrant de troubles mentaux et de déficiences intellectuelles susceptibles d’avoir entravé l’efficacité de leur défense.

Un autre Malaisien doit être exécuté le 29 avril après avoir été condamné automatiquement à la peine de mort pour des infractions liées à la législation sur les stupéfiants, malgré une action judiciaire en instance devant un tribunal de Singapour, pour laquelle une audience aura lieu en mai. Or, d’après les garanties internationales pour la protection des droits des personnes passibles de la peine de mort, aucune exécution ne doit avoir lieu tant qu’une procédure d’appel ou tout autre recours est en cours.

Abdul Kahar bin Othman a été exécuté le 30 mars 2022 après avoir été condamné de manière automatique à la peine de mort pour des infractions liées à la législation sur les stupéfiants – la première exécution recensée à Singapour depuis novembre 2019.

Amnesty International s’oppose catégoriquement à la peine de mort dans tous les cas et en toutes circonstances. Plus des deux-tiers des pays du globe ont aboli ce châtiment en droit ou en pratique.