UE/Égypte. Lors du sommet UE-Union africaine, les dirigeant·e·s de l’UE risquent de légitimer la répression du gouvernement al Sissi

  • Des porte-parole d’Amnesty International sont disponibles.
  • Des militant·e·s, dont des défenseur·e·s égyptiens des droits humains, vont manifester sur la place du Trône à Bruxelles (près de la statue de Léopold II) le mercredi 16 février à 14 heures, à l’occasion de la visite du président égyptien au roi des Belges.

Les dirigeant·e·s de l’UE doivent insister auprès du président égyptien, Abdel Fattah al Sissi, pour qu’il remédie à la crise des droits humains en Égypte et mette fin aux attaques incessantes contre les personnes qui défendent les droits humains lorsqu’ils se réuniront en marge du sommet Union européenne-Union africaine (UE-UA), a déclaré Amnesty International ce mardi 15 février, à la veille du sommet qui se tiendra cette semaine.

« Les dirigeant·e·s de l’UE qui vont rencontrer le président al Sissi cette semaine doivent tirer parti de cette occasion pour dénoncer la répression exercée par son gouvernement contre les droits humains. Malgré ses mesures de façade, force est de constater que les violations flagrantes des droits humains se poursuivent sans discontinuer en Égypte. Les dirigeant·e·s de l’UE ne doivent pas lui donner la possibilité de dissimuler les politiques profondément répressives de l’Égypte », a déclaré Eve Geddie, directrice du bureau européen d’Amnesty International.

« Les autorités égyptiennes répriment la dissidence sous toutes ses formes. Les personnes qui se trouvent actuellement derrière les barreaux pour avoir exercé pacifiquement leurs droits humains dans le pays attendent des dirigeant·e·s de l’UE qu’ils s’expriment en leur nom et qu’ils insistent pour que la situation change. S’ils s’en abstiennent, ils laisseront entendre, de façon dangereuse, que l’UE fait passer le renforcement de ses liens avec les autorités avant la protection des droits fondamentaux des personnes en Égypte. »

La visite du président Al Sissi en Belgique pour le sommet UE-UA intervient dans un contexte d’inquiétudes face aux efforts récemment déployés par les autorités égyptiennes pour éliminer les ONG indépendantes de défense des droits humains dans le pays. En janvier 2022, le Réseau arabe pour l’information sur les droits humains, une importante ONG de défense des droits humains, a annoncé sa fermeture après 18 ans de fonctionnement, ne pouvant poursuivre ses activités de défense des droits humains dans un climat aussi répressif.

Les défenseur·e·s des droits humains et d’autres acteurs de la société civile continuent à faire l’objet d’enquêtes pénales motivées par des considérations politiques, d’interdictions de voyager, de gels d’avoirs, de mesures de probation extrajudiciaires et d’autres formes de harcèlement.

Ces derniers mois, les autorités égyptiennes ont également déféré au moins 28 défenseur·e·s des droits humains et représentant·e·s pacifiques de l’opposition politique devant des juridictions d’exception pour des procès menés sur la base d’accusations infondées de « fausses nouvelles » ou de « terrorisme ». En 2021, au moins sept de ces personnes ont été condamnées, à l’issue de procès manifestement iniques, à des peines de trois à cinq ans d’emprisonnement pour avoir critiqué le bilan de l’Égypte en matière de droits humains, sa politique économique et son niveau de vie.

Malgré leurs prétendus efforts pour lutter contre la discrimination à l’égard des femmes, les autorités égyptiennes continuent à réprimer les femmes, y compris les victimes de violences sexuelles, sur la base de charges absurdes ayant trait à l’« immoralité » ou à l’« outrage à la pudeur ». Elles ont également puni des militantes des droits des femmes pour avoir dénoncé des faits de harcèlement sexuel.

La visite du président al Sissi à Bruxelles suit de peu l’information selon laquelle l’UE propose une candidature conjointe avec l’Égypte pour coprésider le Forum mondial de lutte contre le terrorisme, une organisation internationale influente dédiée à la lutte contre le terrorisme. Cette décision a été critiquée par 16 ONG en raison des graves antécédents de l’Égypte, qui a détourné la législation antiterroriste pour museler la dissidence, porter atteinte aux droits à une procédure régulière et maintenir des milliers de personnes en détention provisoire pour une durée indéterminée.

Amnesty International appelle les États membres de l’UE et de l’UA à respecter leurs engagements en matière de droits humains et à soutenir expressément le rôle de la société civile et des défenseur·e·s des droits humains.

« En poursuivant ses relations avec l’Égypte comme si de rien n’était, l’UE risque de remettre en cause sa propre crédibilité. La rencontre prochaine avec le président al Sissi ne doit pas donner à l’Égypte la possibilité de dissimuler les terribles violations des droits humains commises dans le pays. Le harcèlement, les actes d’intimidation et les détentions arbitraires qui visent les défenseur·e·s des droits humains en Égypte doivent cesser », a déclaré Eve Geddie.

Complément d’information

Pour de plus amples informations, veuillez consulter la déclaration publique d’Amnesty International sur le sommet EU-UA.

Amnesty International Belgique organise une manifestation sur la place du Trône le 16 février de 14 heures à 16 heures. Ramy Shaath, un prisonnier d’opinion récemment libéré, et Souheila Yildiz, la compagne d’Ahmed Samir, un étudiant en master condamné à quatre ans d’emprisonnement en juin 2021, participeront à cette manifestation.