Eswatini. Un militant étudiant arrêté arbitrairement et confronté à des accusations malveillantes doit être relâché immédiatement

Réagissant à la détention arbitraire et aux accusations malveillantes de sédition et de destruction de biens portées contre Colani Maseko, président de l’Association nationale des étudiants du Swaziland, et à la brève arrestation puis à la libération du militant Sibusiso Nkwanyane par des policiers le 31 janvier, Deprose Muchena, directeur régional pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe à Amnesty International a déclaré :

L’arrestation arbitraire de Colani Maseko et de Sibusiso Nkwanyane, qui a depuis été libéré, par les forces de sécurité – sous le prétexte d’un « interrogatoire » et d’accusations ultérieures de sédition et de destruction volontaire de biens à l’encontre de Colani Maseko – constitue un acte d’intimidation et de harcèlement

Deprose Muchena, directeur régional pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe à Amnesty International

« L’arrestation arbitraire de Colani Maseko et de Sibusiso Nkwanyane, qui a depuis été libéré, par les forces de sécurité – sous le prétexte d’un « interrogatoire » et d’accusations ultérieures de sédition et de destruction volontaire de biens à l’encontre de Colani Maseko – constitue un acte d’intimidation et de harcèlement visant celles et ceux qui exercent pacifiquement leurs droits humains en contestant le pouvoir de la monarchie. De toute évidence, les autorités cherchent à tout prix à affaiblir le mouvement pro-démocratique qui fait pression en faveur de réformes politiques en Eswatini. 

« Colani Maseko doit être relâché immédiatement et sans condition et toutes les charges motivées par des considérations politiques qui sont retenues contre lui doivent être abandonnées. Sinon, il doit être rapidement traduit en justice et bénéficier d’un procès équitable. »

Colani Maseko doit être relâché immédiatement et sans condition et toutes les charges motivées par des considérations politiques qui sont retenues contre lui doivent être abandonnées

Deprose Muchena

« Les autorités d’Eswatini doivent mettre fin de toute urgence à la répression qui vise les militants et les militantes politiques ainsi que les personnes qui défendent les droits humains. Les opinions de ces militants devraient être accueillies dans la sphère du débat public, et non réprimées. Les autorités doivent permettre à la population d’exercer librement ses droits fondamentaux sans subir de représailles. »

Complément d’information

Colani Maseko a été enlevé par des agents de sécurité en civil du département des enquêtes criminelles (CID) le 31 janvier. Il est actuellement détenu au siège de la police royale d’Eswatini à Manzini.

Son arrestation a déclenché une nouvelle vague de protestations sur le campus principal de l’Université d’Eswatini à Kwaluseni et sur le campus principal de l’Université nazaréenne d’Afrique australe à Manzini. Sibusiso Nkwanyane a également été interpellé pour avoir tenté d’enregistrer l’arrestation de Colani Maseko sur son téléphone, mais il a ensuite été relâché.

Depuis mai 2021, l’Eswatini est en proie à des manifestations en faveur de la démocratie à la suite de la mort dans des circonstances mystérieuses d’un étudiant en droit de 25 ans, Thabani Nkomonye. Selon certaines informations, il serait mort aux mains de la police.

Les manifestants demandent des réformes politiques et la protection des droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique.

Le militantisme politique est réprimé depuis des années dans le royaume d’Eswatini, la dernière monarchie absolue du continent africain. Les autorités se servent de lois répressives, notamment de la Loi de 1938 relative à la sédition et aux activités subversives et de la Loi de 2008 relative à la répression du terrorisme, pour réduire au silence les personnes qui les critiquent.