La police du Bangladesh sévit contre des manifestants pacifiques

Les forces de sécurité bangladaises ont recouru à la force de manière excessive contre des manifestants pacifiques lors d’une journée de grève nationale mardi 30 novembre, a déclaré Amnesty International ce même jour. Certaines sources, à Dacca et dans d’autres villes, affirment que des membres du Bataillon d’action rapide (RAB) et d’autres services de police ont agressé des manifestants non violents à coups de matraque dans plus de 12 opérations distinctes. Des témoins et des observateurs locaux ont dit à Amnesty International que plus de 100 personnes avaient été blessées lors de ces assauts. « Le gouvernement bangladais doit immédiatement enquêter sur les agressions perpétrées par les forces de sécurité contre des manifestants non violents et veiller à ce que les personnes blessées obtiennent justice et réparations », a déclaré Abbas Faiz, spécialiste du Bangladesh à Amnesty International. « Compte tenu des antécédents du RAB en matière d’utilisation abusive de la force, parfois létale, une réaction forte et immédiate des autorités est indispensable. » Cette grève nationale se déroulant de l’aube au crépuscule a été organisée par le Parti nationaliste du Bangladesh (BNP) en signe de protestation contre la « mauvaise administration » du gouvernement de la Ligue Awami, après que Khaleda Zia, présidente du BNP, eut été expulsée du logement dans lequel elle a vécu pendant près de 40 ans. La ministre de l’Intérieur, Sahara Khatun, a fait savoir à l’opposition que le gouvernement « [réprimerait] d’une main de fer toute forme de débordement imputable à l’hartal [grève] ». Khaleda Zia a loué la maison en question auprès du gouvernement après l’assassinat de son époux, l’ancien président Ziaur Rahman, lors d’un coup d’État militaire en 1981. En 2009, le gouvernement de la Ligue Awami est arrivé au pouvoir et a déclaré son bail illégal. D’après le BNP, plus de 1 000 membres et militants du parti ont été arrêtés en amont de la grève générale de mardi 30 novembre. Au moins 30 personnes auraient été blessées lors d’une opération coup de poing le 30 novembre dans le district de Narsingdi, à 50 km au nord-est de Dacca, lors de laquelle le RAB et la police s’en sont pris à quelque 1 000 manifestants. Parmi les personnes blessées figurait l’ancien député de Narsingdi, Kahirul Kabir Khokon. Il a dit à Amnesty International que le défilé était pacifique et n’a enfreint aucune loi. Il a ajouté que la police et le RAB l’ont frappé à de nombreuses reprises au dos, lui occasionnant des souffrances aiguës. Lui-même et 19 autres personnes ont été blessés et emmenés à l’hôpital. À Dacca, la police et le RAB ont pris des défilés du BNP pour cible dans différents secteurs de la ville. Ils ont attaqué des personnes qui s’étaient rassemblées devant le siège du BNP à Naya Paltan. Nilufar Chowdhury Moni, députée du BNP, a dit à Amnesty International qu’elle se trouvait avec un groupe d’autres manifestantes lorsque la police et le RAB les ont rouées de coups avant d’arrêter plus de 15 d’entre elles. Alors que les détenues étaient conduites vers un poste de police à bord d’un camion, des policières ont recommencé à les frapper. Un autre député du BNP, Ruhul Quddus Talukder Dulu, a déclaré à Amnesty International qu’il était à la tête d’un rassemblement pacifique d’environ 600 militants du BNP à Natore, le 28 novembre, lorsque près de 100 policiers ont lancé des grenades de gaz lacrymogène sur la foule et ont commencé à brutaliser toutes les personnes se trouvant devant eux. Ils ont frappé des gens à la tête, aux mains, sur les jambes et au dos à l’aide de matraques. Vingt-cinq personnes ont été blessées lors de cette opération. « Des policiers ont commencé à me donner des coups à la tête. Comme je me protégeais à l’aide de mon bras gauche, ils ont commencé à taper dessus ; cela m’a fait très mal et j’éprouve des difficultés à me servir de ce bras », a déclaré Ruhul Quddus Talukder Dulu. « Le gouvernement bangladais doit transmettre aux forces de sécurité l’ordre strict d’honorer l’obligation qui leur est faite d’agir avec modération et de s’abstenir de recourir à la force de manière excessive contre les manifestants », a poursuivi Abbas Faiz. « Les autorités doivent par ailleurs veiller à ce que tous les détenus puissent s’entretenir avec un avocat de leur choix, soient autorisés à recevoir la visite de leur famille et puissent bénéficier de tous les soins médicaux dont ils ont besoin. Tous les détenus doivent être libérés, s’ils ne sont pas inculpés d’infractions reconnues par la loi. »