Peine de prison injuste pour un avocat et militant syrien chevronné

Amnesty International réprouve la condamnation à trois ans de prison d’un avocat et défenseur expérimenté des droits humains, le Syrien Haytham al Maleh. Le 4 juillet, un tribunal militaire de Damas, la capitale, a déclaré cet homme de 78 ans coupable de « diffusion, sur le territoire syrien, de fausses informations susceptibles de porter atteinte au moral du pays » et d’« atteinte aux sentiments nationalistes ». Les autorités syriennes recourent régulièrement à ces chefs d’accusation formulés en des termes vagues pour poursuivre et emprisonner les opposants au gouvernement et les militants défendant les droits humains. « N’ayant fait qu’exprimer de manière pacifique son opinion sur la situation politique et des droits humains en Syrie, Haytham al Maleh n’aurait jamais dû être jugé, et encore moins envoyé injustement derrière les barreaux à l’âge de 78 ans », a déclaré Philip Luther, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International. « Amnesty International le considère comme un prisonnier d’opinion et nous allons redoubler d’ardeur pour demander sa libération immédiate et sans condition. » Les faits dont on l’accuse sont en relation avec un entretien qu’il a accordé à une chaîne télévisée en septembre 2009, dans lequel il a critiqué l’absence de démocratie, les pouvoirs excessifs accordés aux membres des forces de sécurité et la corruption d’État en Syrie. Selon les informations reçues, il a également été pris pour cible en raison d’articles publiés dans lesquels il dénonçait des atteintes aux droits humains commises dans ce pays. Haytham al Maleh a été arrêté le 14 octobre 2009, puis placé au secret pendant une semaine avant d’être déféré devant le second tribunal militaire de Damas, bien qu’il s’agisse d’un civil. Il avait été détenu à la prison d’Adra et forcé à partager une cellule surpeuplée avec des délinquants condamnés. Ces conditions ont conduit à la dégradation de sa santé et il est désormais atteint de rhumatismes, en plus du diabète et des problèmes thyroïdiens dont il souffrait déjà à son arrivée en prison. Le procès d’Haytham al Maleh, au cours duquel il a assuré sa propre défense, a été émaillé d’irrégularités. Il a comparu pour la première fois le 8 avril 2010 mais n’aurait pas été autorisé à consulter le dossier officiel relatif à son cas avant le 15 juin 2010. Les avocats qui l’assistaient n’auraient pas pu s’entretenir avec lui en prison, et il n’a eu droit qu’à quelques brèves consultations avec eux dans la salle d’audience même.