Le président du Guatémala doit prendre des mesures pour éviter une crise

Alvaro Colom, qui est président du Guatémala depuis un an, doit faire davantage pour concrétiser ses engagements prometteurs en faveur de l’amélioration de la situation des droits humains dans le pays.

« Nous dressons un bilan mitigé des 12 premiers mois de la présidence d’Alvaro Colom, a déclaré Kerrie Howard, directrice adjointe du programme Amériques d’Amnesty International. Certaines initiatives se sont révélées positives, comme l’engagement d’ouvrir les archives militaires, mais le système judiciaire au Guatémala demeure incapable de rendre la justice. »

« Des millions de Guatémaltèques vivent actuellement sous la menace de la violence et de la pauvreté. Pour que leur situation s’améliore, il faut prendre des mesures concrètes de toute urgence. »

Parmi les mesures positives prises par le président Alvaro Colom, Amnesty International a mis en avant la coopération entre les autorités et la commission internationale contre l’impunité au Guatémala, ainsi que le décret portant sur l’ouverture des archives militaires relatives aux atteintes aux droits humains commises par le passé dans le cadre du conflit armé interne.

Cependant, l’organisation a tenu à rappeler l’extrême gravité de la situation des droits humains au Guatémala et a insisté sur la nécessité d’accorder la priorité à plusieurs questions en vue d’éviter une crise. Figurent au nombre de ces questions :

La discrimination et les violences contre les femmes : d’après des chiffres officiels publiés dans la presse, le nombre de femmes tuées au Guatémala a augmenté en 2008. Les corps des victimes présentaient fréquemment des signes de viol ou d’autres tortures infligées avant la mort. Les enquêtes menées sur ces crimes sont généralement marquées par la négligence et de graves irrégularités.

La sécurité publique : d’après des responsables de la police cités dans la presse, le nombre d’homicides au Guatémala a continué de progresser en 2008. Il semble que des membres des forces de sécurité soient impliqués dans certains homicides.

La justice et l’impunité : le bureau du procureur continue de faillir à sa mission, environ 98 % de l’ensemble des crimes demeurant impunis. L’utilisation abusive du système des recours demeure en outre un sérieux obstacle qui paralyse la procédure pénale dans de nombreuses affaires.

La pauvreté : les expulsions forcées de communautés rurales – des populations autochtones dans la plupart des cas –, se sont poursuivies durant l’année 2008. Les expulsions forcées ont fait sombrer des milliers de personnes dans une pauvreté encore plus grande.

Les défenseurs des droits humains : les militants ont continué de subir des attaques et des menaces en 2008. Selon des organisations non gouvernementales (ONG) locales, le nombre d’agressions a augmenté en 2008.

Le projet de loi sur les disparitions : le projet de loi de 2007 prévoyant la création d’une commission chargée de retrouver les quelque 45 000 personnes victimes de disparition forcée durant le conflit armé interne n’a toujours pas été approuvé par le Congrès.

Les atteintes aux droits humains commises par le passé : le rapport de 1999 de la Commission pour la clarification historique recensait 669 massacres. À ce jour, des condamnations ont été prononcées devant un tribunal guatémaltèque dans moins de cinq de ces cas. Les archives militaires, qui contiendraient des informations précieuses sur les atteintes aux droits humains commises par le passé, n’ont toujours pas été ouvertes.