Des militants arrêtés au Zimbabwe

Un groupe de militants zimbabwéens risque de subir des tortures ou d’autres mauvais traitements après avoir été arrêté au cours d’une manifestation pacifique à Harare.

Quatorze personnes militant au sein de l’association Femmes du Zimbabwe, debout ! (WOZA), dont les dirigeantes Jenni Williams et Magadonga Mahlangu, ont été arrêtées le 28 mai et sont détenues dans des conditions difficiles.

Jenni Williams, coordonnatrice nationale de WOZA, sa collègue Magadonga Mahlangu et 12 autres militants, dont un homme, ont été interpellés alors qu’ils défilaient en direction de l’ambassade de Zambie. Ils appelaient le président de la Communauté de développement de l’Afrique australe à prendre des mesures pour mettre un terme aux violences qui se déroulent au Zimbabwe depuis les élections du 29 mars 2008.

Certains membres de WOZA auraient été frappés par la police lors de leur arrestation. Les 14 personnes sont poursuivies pour « diffusion de documents susceptibles de troubler la paix », au titre de l’article 37 de la Loi portant codification et réforme du Code pénal. Jenni Williams est en outre inculpée de « publication ou communication de fausses déclarations portant préjudice à l’État » en vertu de l’article 31 de ce texte.

Certains membres de WOZA ont comparu devant un tribunal le 30 mai, d’autres le 31 mai. Une remise en liberté sous caution leur a d’abord été accordée, mais le procureur ayant ensuite fait appel contre cette décision et obtenu gain de cause, ils ont tous été placés en détention provisoire.

Les 13 femmes sont détenues à la prison de haute sécurité de Chikurubi, et l’homme à la maison d’arrêt centrale d’Harare. Selon certaines sources, les conditions de détention dans ces deux établissements sont déplorables et bien loin d’être conformes aux normes internationales.

Les détenus n’ont pas reçu assez de couvertures et de vêtements chauds, ce qui est particulièrement préoccupant car c’est l’hiver actuellement au Zimbabwe. Ils sont maintenus en détention jusqu’au 6 juin, date à laquelle ils seront de nouveau présentés devant un juge.

À la connaissance d’Amnesty International, les membres de WOZA ont été arrêtés et placés en détention uniquement parce qu’ils tentaient d’exercer leur liberté d’association et de réunion, un droit pourtant universellement reconnu.

Bien que des membres de WOZA aient déjà été interpellés à de très nombreuses reprises depuis la création de cette association en 2003, les dernières arrestations s’inscrivent dans un mouvement de répression plus général qui touche les défenseurs des droits humains, les syndicalistes, les avocats, les journalistes, les observateurs électoraux et les militants de l’opposition depuis les élections législatives et présidentielle du 29 mars.